"L’Hispanité" : un concept, une histoire et une réalité tergiversés
CONTRIBUTION / ANALYSE. La culture de la repentance et son pendant, celle de la revendication, ne sont pas une spécificité française : le monde hispanique en fait aussi les frais. Heureusement, les réécritures de l'histoire ont face à elles des contre-attaques imparables.
La mode est à la propagande déconstructionniste, du moins dans les pays occidentaux. Wokisme, postcolonialisme, indigénisme, islamogauchisme, transgenrisme, racialisme, etc. ont le vent en poupe depuis le tournant du XXIe siècle. L’essayiste nordaméricaine Susan Sontag déclarait déjà dans les lointaines années 1960 : « La race blanche est le cancer de l’histoire humaine ». Mais ce n’était là qu’un début car depuis, ces idéologies délétères, prétendument « progressistes », n’ont cessé de contaminer les milieux universitaires et médiatiques. Nombre d’hommes politiques se sont mis à leur tour à surfer sur la vague dans les années 2000. Mais les modes passent et changent. La résistance et la contre-offensive s’organisent et se renforcent inéluctablement, de jour en jour. Le livre de l’argentin Marcelo Gullo Ceux qui devraient demander pardon. La légende noire espagnole et l’hégémonie anglo-saxonne (L’Artilleur 2024), version française de Nada por lo que pedir perdón. La importancia del legado español frente a las atrocidades cometidas por los enemigos de España / Il n’y a rien à se faire pardonner. L’importance du legs espagnol face aux atrocités commises par les ennemis de l’Espagne), en est un exemple frappant.
N’ayons pas peur des mots, cet ouvrage – best-seller dans la péninsule – préfacé par Carmen Iglesias, directrice de l’Académie royale d’histoire d’Espagne, est exceptionnel. Il est unique en son genre, tant dans l’Hexagone qu’en Espagne et dans les pays hispano-américains, en raison de son contenu et de son impressionnante documentation. Il est le premier à contrecarrer de manière aussi frontale et spectaculaire le silence, l’autoflagellation et la complaisance d’une bonne partie des élites politico-culturelles espagnoles et hispano-américaines, ou prétendues telles, devant l’avalanche de sornettes et de contrevérités répandues par les médias à l’intérieur et à l’extérieur de leurs pays. Le paradoxe de la conquête, explique l’auteur, est qu’en réalité c’est moins l’œuvre des conquistadors que celle des indigènes...