ÉconomieSouveraineté

La planification, un enjeu de souveraineté (partie 1)

ENTRETIEN. Et si démondialisation rimait avec planification ? C’est l’hypothèse de travail de Jacques Sapir dans Le grand retour de la planification ?(éd. Jean-Cyrille Godefroy). L’économiste retrace les grands modèles internationaux de planification, leurs nécessités et leurs bilans avant de s’attarder sur le cas français.

2ème partie de l'entretien
3ème partie de l'entretien
4ème partie de l'entretien
5ème partie de l'entretien
6ème partie de l'entretien

/2022/07/entretien-sapir-planification


Front populaire : D’où vient l’idée de planification et comment la définissez-vous ?

Jacques Sapir : L’idée de planification a de nombreuses origines. Nous avons naturellement les écrits de Marx et Engels qui opposent la production réalisée sous la règle de la raison sous le communisme à l’anarchie du marché capitaliste. Ils remarquent que, dans les grandes entreprises capitalistes qui se développent dans la seconde moitié du XIXe siècle, il y a une organisation rationnelle du processus de production qui s’oppose à ce qui se passe sur les marchés. D’où cette idée de « planification » qui consisterait à décalquer ce qui se fait dans une grande entreprise à l’économie toute entière. Cette filiation est naturellement très présente dans le mouvement socialiste international au début du XXe siècle et, bien évidemment dans l’idéologie des bolchéviques quand ils prennent le pouvoir en Russie. Mais, cette filiation est, avant 1914, absolument dépourvue de toute expérience pratique. Personne ne sait en réalité, avant 1914, ce qu’est la planification, sauf peut-être les dirigeants et les responsables de grandes entreprises. Ce qui montrera aux dirigeants de l’URSS le chemin à prendre est bien l’expérience des économies de guerre et, en particulier, de l’économie de guerre allemande mais aussi du processus...

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