culture Johnny Hallyday

Le 9 décembre 2017, on attendait Johnny 

OPINION. Quatre ans après, notre lecteur revient avec émotion sur ce moment de communion populaire qu’a été l’hommage rendu à Johnny Hallyday décédé quelques jours plus tôt.

/2021/12/Johnny_H


Dernier passage sur les Champs-Élysées et j’étais là comme des centaines, puis des milliers, et bientôt des centaines de milliers de personnes. On se regardait un peu gênés d’être là sans rien dire, un peu comme si nous assistions à l’enterrement d’un cousin éloigné qu’on a bien aimé. Un cousin à jamais dans notre cœur. Une larme ou deux par-ci par-là ; à cause du froid sans doute ; et du soleil aussi. Les infos sur nos smartphones parlent de Marne-la-Coquette, de bikers, de cercueil blanc, de limousines noires ; de Laetitia, de fans, de larmes, de tristesse… Déjà deux heures à piétiner dans cette belle matinée pré-hivernale. Il ne fait pas vraiment frisquet, mais un peu quand même. Le soleil réchauffe nos mains, nos visages, et nos cœurs troublés. « Un beau matin pour mourir », me dis-je : une habitude résumant une belle journée envahissant doucement nos âmes et nos esprits.

On attendait.

Moi, j’attendais le passage du taulier. Le seul. L’unique. Le voici sur l’écran géant de la Concorde ; on nous repasse en boucle le road trip du chanteur : la route 66, le rêve américain, et la vie de Johnny. Vous connaissez tous ces bouts de films : on ne se lasse pas de les revoir, car derrière ces images se cachent nos soifs d’évasion évanouies, nos ambitions évaporées, nos désirs rabougris, et tous nos rêves abandonnés. Et là, devant les écrans géants, on se ressasse nos peines — discrètement —, pas de ressentiment entre nous : on est là pour lui. Pas pour nous. Et d’un seul coup ce jour-là — sans savoir pourquoi — on se met à l’aimer.

On attendait.

Finalement les bikers annoncés descendent les Champs : on les a entendus venir de très loin. Les bruits de moteur des Harley nous prennent aux tripes : sourds, rauques, puissants...

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