Sommes-nous à la veille d’un des plus gros scandales culturels de notre Ve République ? En cas de détérioration définitive d’une pièce historique aussi précieuse que fragile, la tapisserie de Bayeux, comment la macronie justifiera-t-elle — car elle se justifie toujours — d’être allée délibérément à l’encontre du consensus scientifique ? La diplomatie ou l’orgueil d’un chef d’État sourd à toutes les critiques, même les plus fondées auront-ils raison du bon sens ? Probablement.

La tapisserie de Bayeux, broderie du XIe siècle, de près de 70 mètres de long illustrant la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066, devra franchir la Manche. Ce sera conforme à la promesse d’Emmanuel Macron, le 8 juillet dernier, lors d’un déplacement de trois jours au Royaume-Uni. La tapisserie sera prêtée au British Museum de Londres, pour une exposition allant de septembre 2026 à juin 2027. Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps après cette annonce pour que des voix s’élèvent pour alerter le Président : très fragile — la pièce en lin doit d’ailleurs être prochainement restaurée —, la tapisserie pourrait subir des dégâts irréversibles lors de son transport. Une pétition lancée par Didier Rykner, directeur de la publication de La Tribune de l’art a recueilli 60 000 signatures.

Plusieurs rapports d’experts ont averti le Président de la République, comme le rappelle Le Monde. L’un en 2020 où huit restauratrices missionnées par la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Normandie indiquait la présence de 24 000 taches, 16 445 plis, près de 10 000 manques, ainsi qu’une trentaine de déchirures sur la tapisserie. En 2021, une autre étude sur la restauration de la pièce alertait sur un éventuel transport longue distance, « fortement déconseillé ». Même bien protégée, il n’existe aujourd’hui « aucun système d’amortissement de vibrations qui puisse éliminer tout risque pendant la...