idéesopinions

« Le français est devenu algérien »

CONTRIBUTION / OPINION. À la lumière de son histoire personnelle, notre contributeur explique que la rencontre, le croisement des langues, des cultures, des mœurs et des idées, est une riche source de création. 

langue-francais-algerien


« Le français est devenu algérien ». Cette devise me va comme un gant, moi qui suis né en Algérie et qui ai choisi de vivre en France, c’est-à-dire le pays d’en face ou, mieux, chez l’ennemi, pour les éternels revanchards pour lesquels l’histoire tient lieu de dédommagement pour leur sempiternel ressentiment. J’ai parlé en darija dès que j’ai pu prononcer mes premiers mots et j’ai très vite appris le français qui, d’après Kateb Yacine, est devenu pour nous autres Algériens « un butin de guerre ».

A priori et d’une façon définitive, je peux témoigner qu’aucun pays, dusse-t-il être entouré d’eau, n’est une île, et donc qu'aucune culture n’est indépendante des autres. Toute civilisation est sous l’influence d’autres bagages humanistes provenant d’ailleurs, que ce soit par le truchement de la proximité géographique ou par la transmission des savoirs livresques. Faut-il quitter son pays natal pour rencontrer l’altérité ? La culture de chacun d’entre-nous nous charpente et nous construit à travers un ensemble composite organisé autour d’une langue, d’un assortiment de façons de vivre en société, de conventions et de coutumes.

Dans mon cas, de par la longue présence française en Algérie, j’ai toujours pensé au processus d’association culturelle qui fait que chacun d’entre nous possède une compilation de conceptions métissées. Chaque culture est fabriquée, à divers échelons, d’intermittences et d’alternances entre ce qui est appris chez soi et ce que nous grapillons dans ce qui nous est extérieur. C’est comme si un miroir venait nous révéler que la culture de l’autre se superposait à la sienne propre. Toutes les cultures sont hospitalières et accueillantes. Elles acceptent d’incorporer des pratiques extérieures mais aussi des idées étrangères. Cette conception traverse les lisières d’un pays donné et prouve le caractère « transmissible » de la culture. Ce qui me conduit à rappeler les mécanismes d’enculturation,...

Vous aimerez aussi