Le président absolu contre la démocratie française ? La leçon d’un historien
OPINION. Dans son essai Le président absolu, la Ve République contre la démocratie, l’historien Philippe Fabry dénonce la « monarchie présidentielle », et appelle à retrouver une « culture démocratique ».
En 1974, le constitutionnaliste Maurice Duverger portait sur les fonts baptismaux une expression consacrée par sa popularité actuelle, celle de « monarchie présidentielle », pour désigner notre régime politique, ni parlementaire, ni présidentiel. Il semblait y voir une vraie réussite à l’aune de l’efficacité du régime gaulliste bien évidemment : le charme est passé depuis lors et la présidentialisation constante de nos institutions, sans équivalent à l’étranger, a paru nous mener à une impasse. L’historien Philippe Fabry, connu pour ses travaux en historionomie (l’étude des lois de l’Histoire et des changements nécessaires au-delà des contingences des hommes et de l’écume de l’actualité), fait véritablement œuvre de salut public en publiant un court opus, Le président absolu, la Ve République contre la démocratie, dont la lecture, pour 4 euros et en 2 heures, est en train de devenir le vadémécum des vrais démocrates (et futurs révolutionnaires ?).
Fidèle à l’approche épistémologique de l’historionomie (inaugurée par l’étude de Rome dans ses ouvrages), Fabry fait fi des personnes et de l’actualité, pour mieux les éclairer par un regard de constitutionnaliste. Sa thèse est la suivante : la France ne serait pas, du point de vue des institutions, une vraie démocratie. Incapable d’être le lieu de résolution des compromis, elle ne laisse comme seule option que le chaos social comme règlement des conflits, comme vu lors de la crise des Gilets jaunes. En Angleterre, le Brexit fut accepté et appliqué par les élites. En France, le non au référendum de 2005 fut contourné et nié. Ainsi, à force d’épuisement démocratique, les révoltes se multiplient et pourraient menacer le régime, sur fond de difficultés économiques, au cours des cinq prochaines années. On s’attardera ici, pour la rappeler au président actuel, sur la définition de la démocratie selon Paul Ricœur : « Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée...