Clemenceau disait que la guerre était une chose trop grave pour la confier à des militaires. Helen Pluckrose et James Lindsay, auteurs de ce livre, considèrent que la justice sociale est une chose trop importante pour la confier aux « wokes », ces nouveaux prophètes de la postmodernité.

Les « woke » ? Oui, les « éveillés » aux problématiques d’injustices sociales et raciales des minorités ethniques et sexuelles. La première utilisation contemporaine du mot date de 2008 chez la chanteuse Erykah Badu (« I stay woke ») qui l’introduit dans la culture populaire, même si le mot n’a pas encore de charge politique.

Le wokisme va commencer à se déployer réellement politiquement avec deux dates repères : en 2014 avec la création du mouvement Black Lives Matter visant à encourager la vigilance à l’égard des discriminations raciales contre les noirs américains, puis en 2017, avec la« polémique d’Evergreen » qui voit les militants intersectionnels de l’université américaine d’extrême-gauche d’Evergreen lancer une chasse aux sorcières contre le professeur de biologie Bret Weinstein, lui-même néoprogressiste, ce dernier ayant refusé de quitter l’école lors du « Day of absence », où les Blancs sont refusés. Refusant cette forme de néo-ségrégationnisme dans lequel il voyait un acte discriminatoire et du racisme anti-blanc, il a été malmené, hué et humilié pour son refus, censé témoigner malgré lui de son « privilège blanc ».

Le pilier fondamental du wokisme est la question de la justice sociale. Le wokisme reproche aux démocraties libérales de traiter la justice sociale de façon abstraite. L’exemple emblématique...