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Prix Nobel de littérature : Annie Ernaux, plume du néant existentiel

OPINION. Le choix d’Annie Ernaux pour le prix Nobel en dit long sur le peu d’estime que manifestent nos élites pour la grande littérature.

/2022/10/annie-ernaux


Je découvrais le premier roman d’Annie Ernaux en 1983. La place, roman qui retrace son trajet social, en rupture avec son milieu : devenue prof, elle s’éloignait du milieu ouvrier de son père. Deux mondes qui s’opposaient et qui ne pouvaient se comprendre puisque lire ne servait à rien pour les classes prolétaires.

Le style de l’écrivaine est très sobre et facile à lire : une littérature de la confession autobiographique avec une économie de mots qui confine parfois au néant existentiel. « Faire de rien quelque chose », comme l’exprimait Racine. Cette littérature semble proche de Marguerite Duras, très féminine, où on suit d’un livre l’autre son parcours de femme mariée, de l’expérience de l’avortement, de sa passion amoureuse, de ses jouissances physiques de femme. C’est vrai, il existe cette petite musique d’une intimité féminine, mais j’en notais aussi le manque de densité en comparaison de grands écrivains comme Michel Houellebecq, par exemple, qui figurait d’ailleurs parmi les favoris pour le Nobel.

Pourquoi le choix d’Ernaux et non de Houellebecq ? N’y a-t-il pas là une motivation politique, ou sociétale, comme on dit désormais ? Je m’étais aperçu qu’Annie Ernaux était de plus en plus présente dans le champ médiatique. N’était-ce pas là une rampe de lancement, une préparation à l’annonce finale de la récompense… ?

J’ai lu, je l’avoue, tous ses livres, très faciles à lire. Mais qu’en reste-t-il dans ma mémoire ontologique ? Peu ou rien. Moi-même qui écrit beaucoup, qui accumule les manuscrits, mais loin de Paris, je me disais : quelle littérature faible, moi aussi je pourrais, mais j’ai fait le choix d’attendre, peut-être… Bref, dans la ligne des nobélisés français, Modiano, Le Clézio, la littérature française n’a pas de quoi se réjouir de ces écrivains au style facile ou creux, où l’épaisseur narrative et poétique fait défaut. Un Houellebecq, que je pense...

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