Anticapitalisme et climatologie : les excuses au déclinisme
OPINION. Dans une tribune récente, un abonné fustige le système capitaliste et ses travers incorrigibles. Une critique légitime qui cache un discours décliniste, selon notre lecteur, qui lui répond.
« Le capitalisme, ce n’est pas l’économie en soi. On dit souvent qu’on a besoin d’argent pour vivre… mais c’est faux ! On a besoin d’oxygène, de nutriments, de dormir, de se protéger du froid et de l’insolation… mais pas d’argent ! Ceux qui ont la chance de jouir d’un potager le savent très bien : les patates récoltées nourrissent d’ailleurs mieux que celles du supermarché… et elles n’ont coûté que peu d’efforts ! » Qu’en termes bien choisis la contribution de Geoffroy Delavallée habille donc pour l’hiver notre modèle de civilisation, ce qui en période de disette énergétique est une sage précaution. D’autant, ajoute-t-il sans ciller, que les « patates poussent toutes seules ». Voilà qui rassure ceux qui n’auraient pas la main potagère. Qui peut naïvement imaginer qu’on eût besoin d’argent pour se nourrir, se loger, s’habiller, se chauffer… ?
On peut regretter, comme cet abonné le fait sans mesure, que le système capitaliste revienne à la maximisation du profit et de l’intérêt individuel. C’est son vice, comme si la question était encore de discourir si « ce qui est bon pour Ford était mauvais pour l’Amérique ? » On sait, car le système soviétique collectiviste l’a montré a contrario, que la somme des intérêts individuels concourt à l’intérêt général, pour autant qu’ils soient régulés. L’économie de marché est peut-être mauvaise, mais on n’a pas trouvé mieux pour le moment : « le marché a du bon ; il oblige les gens à se dégourdir, il donne une prime aux meilleurs, il encourage à dépasser les autres et à se dépasser soi-même ! ». Ces propos ne sont pas ceux d’un théologien du capitalisme, tel Milton Friedman, la figure de proue de l’école « monétariste », ni même d’un capitaliste pratiquant, tel Rockefeller, mais de Charles de Gaulle (cité par A. Peyrefitte, in C’était de Gaulle). Même si de Gaulle avait aussi de sérieuses...