La taxe carbone européenne sur la sellette ?
ARTICLE. Le dispositif, largement poussé par la France, devrait entrer en œuvre en 2026. Mais les industriels ne le voient pas d’un bon œil. De son côté, l’Union européenne pourrait aménager le texte prochainement et en réduire les effets.
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Sur le papier, la mesure votée en avril 2023 et testée depuis octobre de la même année — dans une phase d’essai déclarative sans taxation — paraît peu ambitieuse. Une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne concernant l’acier, l’aluminium, le fer, le ciment, les engrais et l’hydrogène est destinée à entrer en vigueur en 2026. Mais l’échéance approchant, les industriels grondent, tout comme certains États, dont l’Allemagne. Et Bruxelles temporise.
Cette taxe carbone, de son vrai nom "mécanisme d’ajustement carbone aux frontières" (MACF), est dans le collimateur de Woepke Hoekstra, commissaire européen au Climat, à la Neutralité carbone et à la Croissance propre. Dans un entretien accordé au Financial Times le 6 février, le Néerlandais explique que « moins de 20 % des entreprises concernées [par la taxe] sont responsables de plus de 95 % des émissions des produits ». D’où l’idée de « faciliter la vie d’un large éventail d’entreprises sur tout le continent », en les excluant du dispositif, ce qui concernerait 180 000 à 200 000 entreprises de la zone.
Autre grief à l’encontre de la MACF : être un dispositif incomplet, qui ne contente au final personne. Ne concernant que quelques matériaux, elle exclut les produits finis ou semi-finis. Ainsi, une voiture chinoise ne sera pas pénalisée par cette taxe. En revanche, un constructeur d’automobiles sur le sol européen devra acheter de l’acier surtaxé et sera donc encore moins compétitif. Un effet pervers qui pourrait coûter cher aux consommateurs. « Nos produits contiennent 70 % à 85 % de métaux, cette taxe risque de renchérir le prix de nos poêles de (…) 40 % dans le pire des cas », explique Olivier Brault, responsable des affaires publiques chez SEB aux Échos.
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