L’origine de la force de la monnaie
CONTRIBUTION / OPINION. Pour résoudre nos problèmes économiques, encore faut-il comprendre que notre système économique financiarisé ne se base pas uniquement sur la confiance, mais a des racines plus complexes.
L’incompréhension générale de l’origine de la force de la monnaie est le fait majeur de notre époque qui dissimule tous nos problèmes. Nous ne tentons même pas de les résoudre en regardant ailleurs et en « débloquant » un argent inexistant pour ne pas les voir. On nous bassine avec des discutailleries pour savoir si la monnaie est une marchandise, un symbole ou une institution, mais personne ne cherche l’origine de sa force. Certains prétendent que sa force vient de la confiance que nous avons en elle, mais la confiance n’est qu’une transmission et on ne connaît toujours pas la force que la confiance transmettrait.
Au départ, une monnaie était toujours une richesse transportable comme l’or, l’argent, le blé, le sel ou des plumes d’oiseau rare. Mais nous avons perdu le sens de la richesse qui n’est qu’un regard satisfait, envieux ou admiratif sur une marchandise, un symbole ou une institution — Amadou Toumani Touré disait qu’au Mali, ils étaient riches de la famille. Ce regard n’est satisfait, envieux ou admiratif que par la qualité du travail qui a été nécessaire à la fabrication ou à l’obtention de cette marchandise, de ce symbole ou de cette institution. C’est donc sans aucun doute l’énergie humaine qui est la source de la force de la monnaie.
Trouver l’énergie humaine qui donnera sa force à la monnaie a toujours été l’apanage des puissants. Ce fut l’esclavage, le servage, le salariat, avec toujours la tentation de la servitude volontaire sécurisante. Seul le salariat subsiste, au moins en Occident, et l’impôt a pris le relais. Les nations puissantes sont allées chercher l’énergie humaine sous forme de richesses par des pillages ou des colonisations. Les empires anglais ou français sont allés chercher une énergie humaine dans leurs colonies pour donner force à leurs monnaies et ne pas observer...