C’est un paradoxe étonnant : la France ne cesse de diminuer sa consommation de gaz, et pourtant, elle n’est pas sereine quant à sa capacité à stocker suffisamment de gaz pour passer le prochain hiver. Les derniers chiffres en date indiquent un taux de remplissage des sites de stockage français de l’ordre de 21,6 % (soit environ 30 Twh), contre 37,32 % dans l’Union européenne, d’après le site Datagaz. En 2024, au 6 mars, ils étaient encore remplis à 41 %. La faute à plusieurs facteurs.

Tout d’abord, les conditions météorologiques. La France et le continent européen ont eu affaire à un hiver plus froid que les 2 années précédentes, exceptionnellement douces. 2023 et 2024 avaient connu des températures de l’ordre de 2 °C au-dessus de la normale saisonnière. Bien qu’il soit toujours au-dessus des moyennes de saison (+0,6° en février) l’hiver 2024 - 2025 aura été l’hiver le plus froid depuis 8 ans.

Ensuite, la France a puisé plus sur son stockage pour éviter les importations, à l’heure où les coûts du gaz ont progressé passant de 29 €/MWh à 44 €/MWh en un an. Elle s’est également servie de ses réserves pour exporter auprès des partenaires européens. Pour autant le stockage ne suffit pas à lui seul et son poids ne représente pas l’intégralité de la consommation française. Deux opérateurs de stockage (Téréga et Storengy) gèrent sur 16 sites un stock de 132 TWh, qui représentait 36 % de la consommation annuelle française en 2023, et 48 % de sa consommation hivernale.

Tension en 2025, baisse d’ici 2028

« À partir de début avril, on appelle vraiment à la mobilisation pour le remplissage des stockages pour préparer l’hiver prochain », a expliqué Sandrine Meunier, directrice générale du gestionnaire du réseau, Natran (ex-GRT Gaz), lors de la présentation du bilan...