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Pourquoi l'économie russe résiste aux sanctions occidentales (partie 1)

ENTRETIEN. Contrairement à ce que prophétisaient bien des commentateurs, l'économie russe tient bon. Elle croît, même. Analyse en détail par l'économiste Jacques Sapir dans cet entretien en deux parties, dont voici la première. Cliquez ici pour lire la seconde.

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© Sofya Sandurskaya/TASS/Sipa USA/SIPA


Front Populaire : D’après Rosstat, le service statistique d’État de la Russie, le PIB russe aurait progressé de 3,6% en 2023, malgré les sanctions occidentales qui, pour certaines, fêtent leur 10e anniversaire. Que penser de ce chiffre ?

Jacques Sapir : De fait, Rosstat (le nom officiel de l'agence statistique russe étant le FSGS) est même allé au-delà. Les derniers résultats publiés le 8 février dernier ont conduit à des modifications non négligeables des données économiques. Le PIB de la Russie a été revu à la hausse pour 2022 (passant de -2,1% à -1,2%) et Rosstat annonce qu’une révision analogue pourrait survenir quant aux résultats de 2023, qui passeraient de 3,6% (le chiffre actuel) à possiblement 4,0%. Les révisions pour 2022 ont déjà été validées par le FMI qui désormais intègre la révision à la hausse de Rosstat. Il n’est pas inédit qu’un système statistique national corrige ses données dans un délai de 18 à 24 mois après la publication initiale. Des rectifications de l’ordre de 0,5% à 1,0% du PIB ont déjà été observées, que ce soit du côté de l’Insee pour la France ou dans les statistiques fournies par le Bureau of the Census des États-Unis.


On a fortement sous-estimé l’effet d’apprentissage pour les autorités russes induit par la première vague de sanctions.


La croissance de la Russie pourrait donc avoir été encore plus spectaculaire que ce que l’on pouvait en dire sur la base des données du FSGS. Le PIB aurait donc cru par rapport à 2021, autrement dit avant l’application de la nouvelle vague de sanctions, de 2,97% au total, soit 1,47% par an. C’est un rythme plus élevé que dans la période allant de 2013 à 2019, période qui fut marquée par la première vague de sanctions occidentales et où la croissance moyenne n’avait été que de 1,07%....

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