Taxer les livres d’occasion : quand le court-termisme tient lieu de politique
ARTICLE. Emmanuel Macron a agité l’idée d’une contribution financière des acheteurs sur le marché du livre d’occasion. Alors que le temps consacré à la lecture baisse de plus en plus face aux écrans… est-ce bien raisonnable ?
Rien de nouveau en Macronie : le culte du « en même temps » continue de faire florès. Derrière cette expression (tout à fait assumée par les intéressés), se cache en réalité et la plupart du temps un amateurisme qui ne dit pas son nom, une politique du jour après jour et du cas par cas. Et c'est exactement le cas ici : en déplacement au Festival du livre de Paris ce vendredi 12 avril, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place à venir d’une contribution financière des acheteurs sur le marché du livre d’occasion. Ce qui a fortement déplu, jusqu’à François Bayrou qui a manifesté ce dimanche sur Radio J son « désaccord ».
Le chef de l’État s’est bien gardé de dessiner les contours de sa proposition, laissant à sa ministre de la Culture Rachida Dati le soin s’exprimer sur ce sujet à la fin du salon. Mais aucune déclaration officielle n’est venue depuis clarifier la sortie du président de la République. Si Emmanuel Macron s’est positionné en faveur de cette taxe, c’est dans l’objectif « de protéger le prix unique et permettre à nos auteurs, éditeurs et traducteurs aussi d’être mieux aidés », a-t-il expliqué, pointant du doigt « une espèce de mauvais usage, en tout cas de contournement » du ce prix unique du livre quand le livre d’occasion serait « fléché par certaines plateformes ».
Si la majorité présidentielle se saisit de ce sujet, c’est en réponse aux divers acteurs du secteur qui s’inquiètent du développement sur les plateformes internet du marché de l’occasion. Ce marché représenterait la vente d’un livre du cinq et serait estimé à 350 millions d’euros en 2022, d’après une étude de la Sofia et du ministère de la Culture mise en avant par le Festival du livre à Paris en 2023. Problème,...