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Ces Français au service de l’étranger

CRITIQUE. Après des années d’enquête et de recoupement, le journaliste d’investigation Clément Fayol livre le fruit de son travail. Ces Français au service de l’étranger (chez Plon) sonne comme une mise en garde citoyenne. Une partie de l’élite française vend désormais ses services au plus offrant, loin, très loin de toute idée d’intérêt national.

/2021/03/Elites intéret général étranger trahison

« Merci tout particulièrement à ceux qui, par leurs silences, menaces, intimidations ou pressions m’ont convaincu que l’enquête journalistique a encore une utilité. Ils se reconnaîtront », confie l’auteur en fin d’ouvrage. Il est vrai qu’à l’heure du buzz et du clash sur Twitter, ce livre est de nature à nous réconcilier avec le journalisme.

Chacun sent bien que la France a aujourd’hui un problème d’élites. Est-ce le fruit de la seule volonté des concernés où le résultat d’un paysage historique propice au louvoiement ? Il va de soi que la mondialisation néolibérale, qui charrie avec elle un imaginaire post-national, a créé un environnement favorable à la nouvelle trahison des clercs. Dans un tel « village global », l’intérêt national tend à devenir flou, voire obsolète.

Clément Fayol montre d’ailleurs que ces élites françaises vendues à l’étranger dont il a retracé les parcours en eaux troubles, ne voient bien souvent pas le problème. Lorsque le cadre national n’existe plus dans votre univers mental, vous ne pouvez pas avoir conscience de le trahir. « Quand nous étions étudiants, avant même l’ENA, nous, l’« establishment », savions déjà que nous devions choisir à quelle puissance nous vendre. Moi, je préfère être dans la sphère d’influence des États-Unis plutôt que dans celle de la Chine ». Voilà ce que confie assez tranquillement une source de Clément Fayol au cours de son enquête.

« Sphère d’influence », le terme est révélateur. C’est une véritable plongée au cœur des réseaux d’affaires internationaux que propose l’auteur, là où les petits compromis font les grosses compromissions. On pense naturellement aux multinationales, mais il faut également prendre en compte tous les réseaux de diplomatie. On découvre par exemple dans le livre comment le Qatar a tenté détourner le réseau diplomatique français à son profit pour prendre la tête de l’Unesco en 2017, par l’entremise de Jean-David Levitte,...

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