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Conflit local et désordre global : le cas du Haut-Karabagh

ARTICLE. Les guerres ont parfois, hélas, l’avantage de clarifier les choses. Le conflit entre le Haut-Karabagh arménien et l’Azerbaïdjan ne fait pas exception. Bien plus qu’une guerre issue d’une revendication territoriale locale, c’est la stratégie régionale de la Turquie d’Erdogan qui se dévoile de plus en plus ouvertement.

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D’un côté, l’Azerbaïdjan. Un Etat pétrolier et gazier créé en 1918, à qui Staline attribua un territoire peuplé d’Azéris turcophones, de Kurdes et d’Arméniens. Cette mixité de nationalités ne posait pas problème dans le cadre du projet soviétique où la question nationale restait secondaire face à la lutte de classe. Et de fait les discriminations nationales restèrent limitées jusque dans les années 1970-80. Mais l’effondrement de l’URSS fit réapparaître brutalement les identités locales, les frontières et donc les visées irrédentistes. Les premières émeutes nationalistes en 1988 convainquirent bien vite les Arméniens du Haut-Karabagh qu’ils ne pourraient vivre paisiblement au sein d’un Etat dominé par les Azéris. Le cauchemar yougoslave faillit se reproduire dans le Caucase : la Russie et l’Arménie parvinrent, au prix d’une guerre particulièrement sanglante (30 000 morts) à empêcher un nouveau génocide arménien dans le Haut-Karabagh.

Depuis 1994, la situation est globalement figée, entre d’une part le territoire du Haut-Karabagh, administré de facto par une « République de l’Artsakh », de culture et de langue arménienne, formée à l’issue d’un vote du parlement local confirmé par un referendum d’autodétermination en novembre 1991 (non reconnu par Bakou), et d’autre part l’Azerbaïdjan qui cherche à retrouver le contrôle des frontières de l’ancienne république soviétique, les seules actuellement reconnues par l’ONU.

On complètera le tableau en précisant que si l’Arménie et l’Artsakh ont développé un système politique relativement démocratique et pluraliste, l’Azerbaïdjan reste enferré dans un régime présidentiel (et dynastique) laissant peu de place à une quelconque opposition : le pays est classé 162ème sur 180 pour son respect de la liberté de la presse par RSF.

Mais au-delà de l’attaque azérie du 27 septembre 2020, c’est la stratégie de son grand allié turc qui pose question. Turquie et Azerbaïdjan se considèrent en effet comme faisant partie d’une même nation.

La stratégie de la...

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