Des Verts allemands… plus allemands que verts
ARTICLE. Les écologistes allemands tentent de repousser les objectifs climatiques de l’Union européenne. Une énième preuve que derrière leur lutte contre le nucléaire, se cache en réalité la priorité donnée à l’hégémonie allemande sur l’Europe.
Des écologistes plus préoccupés par la défense du gaz et du pétrole que par la réduction des émissions de CO2 ? Voilà qui serait particulièrement paradoxal. Mais c’est pourtant bel et bien ce qu'il se trame au sein des Verts européens. Le site Euractiv a eu accès au manifeste électoral du Parti vert européen et a pu constater que certains amendements proposés semblaient freiner des quatre fers le volontarisme (un peu naïf) des écologistes européens. Des amendements proposés par un pays : l’Allemagne.
Si l’Union européenne s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et à diminuer de 55 % ses émissions de CO2 d’ici 2030 par rapport à 1990, il est question d’aller encore plus loin ou, plus précisément, plus vite. Les scientifiques du comité consultatif de l’UE ont récemment alerté : pour tenir l’objectif de limitation de l’augmentation des températures à 1,5 degré Celsius, il faudrait réduire de 90 à 95 % les émissions d’ici 2040 par rapport à 1990 et non attendre 2050.
Une date que les Verts européens aimeraient bien inscrire dans leur programme électoral. Mais voilà, l’Allemagne ne le souhaite pas. En récession économique, embourbé dans sa transition écologique fastueuse et peu efficace et en passe de perdre son hégémonie européenne, Berlin tente de limiter la casse. Plutôt que 2040, ils souhaitent que le manifeste propose 2045 comme date objectif. Une échéance qui correspond déjà à l’objectif gouvernemental fixé par la coalition tricolore au pouvoir en Allemagne.
Allemagne ou écologie ?
Cette frilosité s’explique d'abord par la nature du modèle économique allemand. Avant d’être écologistes, les Verts allemands sont d'abord et avant tout antinucléaires. Tendre vers le 100 % renouvelables les a plongés dans une dépendance accrue au gaz, dont ils ont voulu se faire le promoteur européen. Un moindre mal pour un antinucléaire, une catastrophe climatique pour...