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En Allemagne, Sahra Wagenknecht et la gauche « old school » fourbissent leurs armes

ARTICLE. Une gauche ni woke, ni caviar, un retour aux sources du socialisme et du communisme allemand, une voix résolument tournée vers le peuple : c’est le programme de l’Allemande Sahra Wagenknecht, personnalité controversée (du moins par l’establishment outre-Rhin) pour les élections européennes de 2024.

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Raz-de-marée électoral à l’horizon en Allemagne ? En tout cas, « Bündnis Sahra Wagenknecht » (en français : Alliance Sahra Wagenknecht), le mouvement fondé par et autour de cette figure de la gauche radicale allemande, semble parti pour bousculer le morne consensus politique qui règne en Allemagne, les jeux de coalitions et d’alternance entre conservateurs libéraux et libéraux progressistes. La ligne, telle que présentée par sa fondatrice en conférence de presse de lundi 23 octobre, est simple. Mais dans le pays de l’ordolibéralisme, elle n’a rien d’évident : renouer avec les classes populaires, abandonnées par les partis traditionnels (CDU-CSU et sociaux démocrates en tête) à l’AfD (droite nationaliste) ; prendre ses distances de la gauche caviar et de la gauche radicale « woke » (incarnés par les Grünen, les Verts allemand, et par les sociaux-démocrates du SPD) pour revenir au socialisme et au communisme allemand historique.

« Elle veut une AfD de gauche », résume le Bild, le quotidien allemand qui affiche le plus fort tirage. S’il est difficile de voir dans cette comparaison plus qu’une pique comme les tabloïds ont l’habitude d’en envoyer, il faut tout de même reconnaître qu’elle souligne un élément important : Sahra Wagenknecht partage avec le parti de droite nationaliste un certain nombre de points communs. Euroscepticisme ; opposition à l’immigrationnisme du patronat comme de la gauche partisane ; implantation très forte dans les Länders de l’Est, sur les terres de l’ex-RDA, qui continuent d’accuser un retard économique certain par rapport au reste du pays. Car Sahra Wagenknecht entend offrir une alternative au principal parti contestataire actuellement sur le marché. Mais en restant de gauche : la critique de l’immigrationnisme pratiqué par l’Allemagne n’est pas une critique du multiculturalisme, mais une opposition à la déstabilisation du marché du travail (et donc des salaires) que suscite l’immigration de masse. La ligne de Georges Marchais et du communisme...

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