Union européenne

Faire l’Europe : idée neuve ou vieille obsession impériale ?

OPINION. Pourquoi à tout prix vouloir « faire l’Europe » ? Notre abonné fait la généalogie historique et intellectuelle de cette idée qu’il conviendrait, selon lui, de dépasser, au profit d’une politique internationale souveraine et orientée vers les intérêts nationaux.

/2021/05/UNION-EUROPEENNE

Dans l’éditorial du 1er numéro de Front Populaire, Michel Onfray écrivait : « Ni Jean-Pierre Chevènement ni Philippe de Villiers n’ont refusé l’Europe, ils ont juste souhaité que l’Europe, à laquelle plus personne ne s’oppose, sûrement pas nous, ne soit pas un État supranational contre les États nationaux, mais une Europe des nations qui en respecte l’identité et la souveraineté » L’affirmation « Plus personne ne s’oppose à l’Europe » est assénée avec une évidence renforcée par la précision venant juste après « sûrement pas nous », « nous » devant s’entendre comme l’avant-poste du combat souverainiste.

Mais quelle serait la consistance d’une Europe qui respecterait l’identité et la souveraineté des nations qui la composent ? S’agirait-il seulement d’une espèce d’IGP (Indication Géographique Protégée) qui garantirait une certaine qualité aux états qui la composent, ou cela va-t-il plus loin ? Au-delà des sempiternelles psalmodies réclamant l’avènement d’une autre Europe, allons au cœur des choses et posons-nous cette simple question : D’où vient ce besoin impérieux de faire l’Europe ?

En France, il n’est pas d’ambition politique respectable qui ne prétende pas vouloir faire l’Europe. Omettez de clamer haut et fort « Faisons l’Europe ! » et les médias vous tiendront à distance en se pinçant le nez. L’excommunication tombera sans appel, vous serez accusé de populisme, de nationalisme, de souverainisme, et bientôt de racisme et de fascisme. L’unanimité de l’impératif à faire l’Europe ne signifie pas l’uniformité du contenu que l’on met dans cette nécessité. Mais nos hommes politiques incapables de consensus au niveau national pour s’entendre sur l’Europe qu’ils souhaitent nous assurent que le consensus sera possible entre 27 pays pour faire l’Europe qu’ils veulent. Selon les sensibilités et l’inventivité des communicants ils nous promettent tous une Europe qui serait plus sociale, plus écologique, moins bureaucratique, plus nationale, plus européenne, moins oligarchique, plus fédéraliste, plus ouverte, moins fermée, plus démocratique, plus élargie, plus rétrécie, moins...

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