Hydrogène : une (énième) trahison de l'Allemagne
ARTICLE. Malgré un accord conclu entre la France et le chancelier Olaf Scholz, l’Allemagne fait volte-face et ne veut plus que l’énergie nucléaire destinée à produire de l’hydrogène soit considérée comme une énergie “durable”. Ce qui n’étonnera que ceux qui croient encore au « couple franco-allemand ».
À force, Marianne commence à avoir l’habitude que l’Allemagne lui fasse des enfants dans le dos. Chaque année, l’histoire se répète et le couple se délite un peu plus. Mais pour qu’il y ait un couple, encore faut-il que les deux parties soit sur la même longueur d’onde. Les épisodes de disputes ne manquent pas : avant-hier, les débats sur la taxonomie, hier ceux sur la défense européenne, aujourd'hui, ceux sur l’hydrogène renouvelable. Et encore, il ne s’agit là que de l’histoire récente. Mais dans le cas de l’hydrogène, le revirement allemand tient bel et bien du couteau planté dans le dos.
L'UE divisée
Le nucléaire peut-il servir à produire de l’hydrogène durable ? Telle est la grande question qui fait murmurer les alcôves de Bruxelles. La directive sur les renouvelables (REDIII) dispose d’un volet hydrogène renouvelable qu'entend bien faire évoluer la France, soucieuse d'y intégrer l'énergie nucléaire. L’Hexagone serait bien en peine de participer à l’effort collectif européen si sa demande venait à être retoquée. L’UE veut se doter de capacité à produire 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable d’ici 2030. Problème – qui n’est pas sans rappeler celui des investissements verts, la fameuse taxonomie – la France veut intégrer le nucléaire comme moyen de production « vert », ce que refuse catégoriquement l’Allemagne. Une tradition toute germanique, dès qu’il s’agit de nucléaire.
À la clé de ce débat, l’obtention (ou pas) de subvention européennes. Alors, la France se bat. Elle n’est pas seule, d’ailleurs, l’UE étant divisée sur le sujet. La semaine précédente, neuf pays - Bulgarie, Croatie, France, Hongrie, Pologne, Slovaquie, Slovénie, République tchèque, Roumanie - ont envoyé un courrier à la Commission européenne, plaidant pour l’intégration du nucléaire dans la directive renouvelable. Mais au moins neuf autres s’y opposent, dont l’Autriche, le Danemark, l’Espagne, les Pays-Bas… ou encore, bien sûr,...