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[Jacques Sapir] Comment sortir de la guerre en Ukraine ? (Partie 1)

CONTRIBUTION / ANALYSE. Dans cette première partie d'une analyse qui en comptera au total cinq, l'économiste Jacques Sapir, observateur attentif et rigoureux du monde russe, s'attache à définir la nature de la guerre russo-ukrainienne. PARTIE 2 À LIRE ICI

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La guerre en Ukraine semble s’éterniser. Les pertes des deux côtés, tout en restant largement nimbées de mystère, sont très lourdes. Alors que la « contre-offensive » ukrainienne s’avère être un échec coûteux, mais aussi que cette guerre entraine des changements considérables dans la situation géostratégique mondiale, plus que jamais une solution politique s’impose. Elle devrait unir toutes les énergies des personnes raisonnables en Europe et dans le monde. Pour comprendre l’urgence de cette solution, il convient d’explorer le contexte politique, de tenter d’arriver à un décompte des pertes humaines et enfin de dessiner ce à quoi pourrait ressembler cette solution politique.


La nature de cette guerre


La guerre ne se résume pas à la décision du gouvernement russe d’entrer en Ukraine, décision naturellement condamnable comme je l’ai écrit en février 2022 (1). Elle s’enracine, aussi, dans une course vers l’abîme dans laquelle le nationalisme identitaire ukrainien et le jeu politique des États-Unis ont une part au moins égale de responsabilité (2). Le rôle de l’extrême-droite ukrainienne dans les événements du dernier Maidan, qui provoqua la fuite du président Yanoukovitch (alors qu’un accord avait été conclu (3)), son implication dans le tir des « snipers » qui provoquèrent 49 morts et 157 blessés est désormais démontré (4). Cette provocation, qui ne fut jamais jugée, fut le réel début de ce qui apparait de plus en plus comme une guerre civile en Ukraine. On ne peut donc exclure le contexte général.

La responsabilité conjointe de l’extrême-droite ukrainienne et de la politique du gouvernement des États-Unis a été reconnue par John Mearsheimer, le grand spécialiste des relations internationales, depuis le début du conflit (5). Mearsheimer avait, dès 2014, mis en garde les États-Unis au sujet de l’Ukraine, que ce soit dans sa tribune du New York Times du 13 mars 2014 (6), ou que ce soit...

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