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La grande inversion

CONTRIBUTION / OPINION. Un « camp du Bien » apôtre de la guerre et un « empire du Mal » qui veut la paix ? Pour l'essayiste Roland Hureaux, si cette « grande inversion » correspond à l'esprit du temps, elle n'en constitue pas moins une curiosité de l'Histoire.

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© Yassine Mahjoub/SIPA


Notre temps est à l’inversion. Ce n’est pas nouveau : inversion des pôles en physique, renversement des situations au théâtre… L’Évangile est plein d’inversions : « les premiers seront les derniers, les derniers seront les premiers », pour n'en citer qu'une. Mais l’Europe d’aujourd’hui en offre un cas d'étude singulier : les gentils veulent faire la guerre, nucléaire éventuellement, les méchants, ou ceux que l’opinion tient pour tels, veulent faire la paix. Nous nous référons à la question de l’Ukraine, qui revient à l’ordre du jour avec l’accalmie, au moins provisoire, au Proche-Orient.


Trump et Poutine


Trump et Poutine comptent aujourd’hui parmi les personnes les plus haïes du monde, en tous les cas de la presse occidentale et, sous son influence, d’une partie de l’opinion. Tous les qualificatifs à même d’exciter l’hostilité à leur encontre ont été dégainés : fascistes, voire nazis (l’absurde signe "égal" entre Poutine et Hitler a été incrusté dans les têtes d’une part importante des Occidentaux), salauds, dictateurs, misogynes, racistes (surtout Trump), criminels (surtout Poutine), impérialistes, etc. Une incitation permanente à la haine que pourtant aucun tribunal ne sanctionne.

Ce qui se dit pour enfoncer le clou un peu plus au sujet de l’un et de l’autre confine à l’absurde. Poutine est malade, il est fou, les Russes voudraient le voir démissionner, la Russie sortira ruinée de la guerre (mais pas l’Europe occidentale !), il fait assassiner ses opposants. Cette question des prisonniers politiques, voire des assassinats politiques, mérite une explication. Ceux attribués à tort ou à raison à Poutine sont moins d’une dizaine en 25 ans, le dernier étant le malheureux Navalny que Poutine aurait été assez maladroit pour empoisonner le jour de son apothéose électorale et militaire . On dit aussi, qu’il y aurait des milliers de prisonniers politiques en Russie, sans citer un seul nom . Et Trump ! Ce serait...

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