La guerre a toujours eu un effet magique sur les sondages. Margaret Thatcher l’avait bien compris lorsqu’elle envoya la Royal Navy reconquérir les îles Malouines, peuplée essentiellement de moutons, grappillant au passage une popularité en chute libre. Emmanuel Macron, stratège habile des apparences, semble aujourd’hui vouloir rejouer la partition en poussant la rhétorique martiale à son paroxysme.

L’Ukraine lui en offre le prétexte rêvé. Alors que les yeux de Donald Trump sont rivés sur la Chine et qu’il tente d’arracher Poutine des griffes de Xi, l’Ukraine et son sympathique président, deviennent soudain, pour Emmanuel Macron, le théâtre d’une « nouvelle ère » dont nous ne pourrions rester « spectateurs ». Restez neutre, et l’on vous accusera d’être le nouveau Chamberlain face à un Hitler réincarné. L’argumentaire est rodé, simpliste, mais efficace.

Depuis deux ans, les dirigeants européens nous assènent que la Russie ne pouvait que perdre, que ses jours étaient comptés, que l’économie de Poutine suffoquait sous les sanctions. Mais à mesure que le temps passe, la réalité s’obstine à contredire leurs prophéties. Moscou, loin d’être asphyxiée, engrange des milliards grâce aux détournements des sanctions et de nouveaux débouchés pour ses hydrocarbures bon marché qui profitent aux autres.

Sur le terrain, toutefois, qui peut sérieusement croire qu’une Russie, qui a mis trois ans à avancer de 200 km en Ukraine, puisse subitement envahir l’Europe ? Même Vladimir Poutine, il y a un an, qualifiait de « folie » l’idée d’une attaque contre un pays de l’OTAN. Même le plus petit d’entre eux. Et pourtant, on continue d’agiter l’épouvantail du « péril russe ». Bientôt, on nous expliquera que Poutine marchant sur Paris et Bruxelles, il faut rétablir le service militaire et passer à une économie de guerre. Et qu’il faut ponctionner votre épargne… La patrie a besoin de vous, n’est-il pas vrai ?

La réalité est cruelle, mais il est...