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« Mort d’un pourri » : toute l’Europe maastrichtienne est dans ce film

OPINION. Les poètes, les romanciers, les cinéastes, ont souvent, mieux que les sociologues, le don de pressentir une évolution, de comprendre un changement de société. Tel est le cas du film « Mort d’un pourri » : avec quinze, vingt ans d’avance, toute l’Europe maastrichtienne y était résumée, tout comme, la décadence de nos « élites ».

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Le confinement a au moins ceci de positif : il incite à revoir les vieux films, à savourer une fois encore ces petits morceaux choisis du passé. C’est en 1972 que le journaliste Jean Laborde, sous le pseudonyme de Raf Vallet, publie son roman policier « Mort d’un pourri », dans la Série noire de Gallimard. L’intrigue est classique. Un dossier compromettant a provoqué l’assassinat d’un député ; l’ami de ce dernier, Xavier Maréchal, voulant le venger, se retrouve pris entre le marteau et l’enclume, c’est-à-dire la police et la maffia politico-financière qui domine le pays.

Le texte de Jean Laborde comptait déjà quelques répliques assez bien vues. Par exemple, celle-ci, adressée par le chef de cette maffia à Xavier Maréchal :

« Je ne crois pas que tu aies compris ton époque, Xav. Tu es honnête comme l’étaient nos pères ou plutôt nos grands-pères. Ça ne correspond plus à rien. Qu’est-ce que ça peut te foutre qu’un ministre ou un directeur de cabinet s’engraisse ? Qu’est-ce que ça change à l’économie dans son ensemble ? L’essentiel est qu’on construise, qu’on produise, qu’on donne au public ce qu’il désire, à bouffer, à boire, à baiser, à rouler en voiture. Va dans la rue et dit au premier venu : le président de la République croque des millions. Il te répondra : laissez, mon vieux, il fait comme les autres. Ou bien : j’aimerais bien en faire autant. Mais tu ne le feras pas grimper sur une barricade. Supprime le tiercé ou rationne l’essence, tu as une révolution ».

C’est à partir de ce thriller que le metteur en scène Georges Lautner – qui ne connaît « Les Tontons flingueurs » ! -- sortit en 1977 son film « Mort d’un pourri », l’ami Xavier Maréchal étant somptueusement interprété par Alain Delon. Et une fois encore, on avait fait appel à Michel Audiard pour les dialogues&n...

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