Front Populaire : À la faveur de la guerre russo-ukrainienne, l’UE pense élargissement. Dans les Balkans surtout, en Europe de l’Est, et même dans le Caucase. Comment interprétez-vous cette attitude géopolitique ?

Olivier Delorme : Il s’agit d’une fuite en avant aussi incohérente qu’irresponsable. En réalité, c’est la même chanson depuis les années 1990. Ce qu’on appelle par convention la « construction européenne » se trouve dans une impasse. Le saut fédéral souhaité par les européistes ne peut advenir, du fait de l’opposition des peuples, sauf coup de force et aggravation drastique de la dérive autoritaire dans laquelle le macronisme tient la corde. L’euro, le délire normatif de la Commission et de la Cour de justice, les distorsions de concurrence internes donnant l’avantage au moins-disant social, et les accords suicidaires de libre-échange ruinent les classes moyennes, fondement de la démocratie, détruisent l’agriculture après l’industrie, et rendent insoutenable le modèle social construit après 1945. Schengen, la politique immigrationniste de la Commission et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme rendent impossible tout contrôle réel des flux migratoires, lesquels engendrent pression à la baisse sur les salaires et insécurité culturelle.

Maastricht nous a désarmés et l’UE nous entraîne à la guerre.

Ajoutez à cela que l’aventurisme de plus en plus alarmant en Ukraine, pour le seul bénéfice des États-Unis d’Amérique, met en danger notre sécurité, alors même que les imbéciles règles budgétaires du traité de Maastricht, rendues encore plus imbéciles par les différents accords de discipline budgétaire, nous ont conduits à faire de la Défense une variable d’ajustement, à rogner sans cesse nos budgets militaires et à sacrifier nos capacités de production d’armes et de munitions. Maastricht nous a désarmés et l’UE nous entraîne à la guerre, tout en livrant au régime de Kiev armes et munitions, ce qui affaiblit encore nos armées, en...