« S’affranchir des priorités nationales » : le plan de Mario Draghi pour la défense européenne
ARTICLE. Alors que la Commission européenne présente son plan de réarmement de l'Europe pour 800 milliards d'euros, l’ancien président de la BCE s’est exprimé devant le Sénat italien pour exposer sa vision d’une défense européenne. Au menu, chaîne de commandement commune et fin de l’autonomie stratégique des États.
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Ce mardi 18 mars, l’ancien président italien de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a été auditionné au Sénat de la République italienne. L’auteur du rapport sur la compétitivité de l’Union européenne commandé par Ursula von der Leyen est venu amender sa copie, à l’aune des dernières évolutions géopolitiques, et plus particulièrement le rapprochement entre Vladimir Poutine et Donald Trump. « L’Europe se retrouve aujourd’hui plus isolée dans les forums internationaux, comme ce fut récemment le cas aux Nations Unies, et se demande qui défendra ses frontières en cas d’agression extérieure, et avec quels moyens », semble-t-il déplorer — un peu tardivement.
L’ancien président du Conseil italien ne s’embarrasse d’aucun détour. D’après lui, la conjoncture nous imposer « d’engager un processus qui nous amènera à dépasser les modèles nationaux et à penser à l’échelle continentale ». Et ce sur trois sujets : les factures d’énergie, l’assouplissement de la réglementation et le réarmement du continent. Alors que la part de responsabilité de l’Union européenne dans les deux premiers n’est plus à démontrer, « Super Mario » entend bien mettre Bruxelles au centre du dispositif de réarmement de l’Europe.
Une chaîne de production européenne
« Les citoyens nous disent qu’ils en ont assez d’attendre », invoque-t-il pour justifier l’accélération de son plan pour une défense européenne. Celui-ci passerait par le développement « sur des plateformes militaires communes (avions, navires, véhicules terrestres, satellites) » afin de rationaliser la chaîne de production sur l’ensemble de la production militaire sur le Continent, avance Mario Draghi.
Celui-ci avance à ce propos un argument pour le moins original. D’après lui, « il serait nécessaire que l’actuel marché public européen de la défense — environ 110 milliards d’euros en 2023 — soit concentré sur quelques plateformes de pointe, plutôt que sur une multitude de plateformes nationales, aucune réellement compétitive car essentiellement conçues pour leurs marchés domestiques. » Or,...