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Thibault Montbazet : « 1870 est une année charnière pour la guerre en Europe »

ENTRETIEN. Agrégé d’histoire et doctorant de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, Thibault Montbazet est enseignant d’histoire au lycée. Ce premier livre, Une année terrible (éd. Passés/Composés), est une plongée dans le Paris assiégé de 1870. Une lecture de circonstance.

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Front populaire : Votre livre repose sur un parti pris intéressant. Raconter un épisode historique en miroir de la vie concrète d’un homme. Pourquoi cette démarche ?

Thibault Montbazet : C’est d’abord un effet de source : l’archive de famille sur laquelle je travaille est celle d’un individu particulier qui traverse ce bouleversement de la guerre de 1870-71 et du siège de Paris. C’est ensuite une volonté de comprendre ce qu’est véritablement un événement : quelque chose d’à la fois intime et collectif. Chacun d’entre nous entre et vit un moment particulier avec ses présupposés, avec ses propres marges de manœuvre, avant que ce moment n’occupe une part de nos souvenirs. Mais un évènement touche plus généralement la société toute entière, et fabrique des discours et des récits communs dans lequel l’individu va devoir trouver une place. Raconter cette collusion particulière de faits sociaux et psychologiques m’a paru pertinente pour comprendre un peu de ce qu’est un évènement.

FP : Peut-on définir le cadre de vie d’un Français moyen à cette époque en France ? Et à Paris ?

TM : De la même façon qu’aujourd’hui on peine à savoir qui est de la « classe moyenne », j’aurais bien du mal à vous dire qui est le « Français moyen » du XIXe siècle. Ce qui est certain, cependant, c’est que la société du Second Empire connaît un certain enrichissement, qui touche une vaste « bourgeoisie » qui irait des grands industriels aux petites notabilités provinciales, mais également une population de petits propriétaires dans les villes et les campagnes, qui aspirent aussi à participer plus largement à la vie politique. Un élargissement que le suffrage universel masculin leur a offert depuis 1848, et qui se poursuit sous la IIIe République après 1870. Si le village reste le cadre de vie de l’immense majorité des Français, l’urbanisation s’est accélérée avec l’industrialisation....

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