UE : Merkel veut les opportunités chinoises, la protection américaine et ne rien payer aux Français.
Les dirigeants de l’Union européenne se réunissent pour deux jours à Bruxelles. Au menu des discussions du Conseil européen : le plan de relance de 750 milliards d’euros. Angela Merkel se trouve en première ligne, d’autant que cette année c’est l’Allemagne qui assure la présidence tournante de l’Union. L’analyse de Nader Allouche.
Le 27 mai 2020, la chancelière allemande Angela Merkel s'exprimait devant la Konrad Adenauer Stiftung - la fondation politique de la CDU, qui fait office de réseau diplomatique bis de la République fédérale d'Allemagne - et développait les axes principaux de l'agenda de Berlin pour la Présidence allemande de l'Union Européenne, qui a commencé au 1er juillet. D'emblée, Merkel a précisé ses priorités. Il s'agit : 1. de relancer l'économie dans le sens de la neutralité climatique, 2. d'avancer dans la transition numérique, et 3. de renforcer le rôle de l’Europe comme pôle de stabilité du monde.
C'est une manière euphémisante de dire que le Green Deal, la 5G et la défense européenne seront au cœur de l'action allemande à la présidence de l'Union européenne. Trois dossiers majeurs, où les intérêts européens, et notamment ceux de Berlin et de Paris, sont divergents.
En l’absence de volonté française de recouvrer intégralement sa souveraineté en matière de défense, et malgré l'activisme du président Macron pour que l'Europe s'émancipe de l'OTAN, afin de créer une défense européenne, l'Alliance a encore de beaux jours devant elle. Les contraintes budgétaires françaises - la France n'a pas les moyens de se doter d'un deuxième porte-avions, et le porte-avions nouvelle génération destiné à remplacer le Charles de Gaulle ne sera disponible qu'en 2038, si la loi de programmation militaire adopte bien le budget nécessaire - n'offriront d'autre alternative que celle de renforcer l'OTAN pour préserver la sécurité de la zone transatlantique. De là à faire payer les Européens comme Trump le voudrait, en leur vendant du matériel militaire américain à hauteur de 4% de leur budget national, il y a plusieurs pas que les Allemands rechignent à faire, au nom des intérêts de leur propre industrie militaire.
Berlin n'est pas plus généreux avec les Français, comme en témoignent...