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À propos d’"Entre guerres", le livre du Général Lecointre

CONTRIBUTION / CRITIQUE. Dans Le Figaro du 8 avril dernier, Eugénie Bastié relate ses échanges avec le Général Lecointre à propos de la parution de son livre, Entre guerres (Gallimard),  le 11 avril. Un livre surgi en un moment historique crucial où la France s’interroge sur son destin.

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Crédits illustration : © Stephane Lemouton / POOL/SIPA


L’avis d’un général, et surtout ex-chef d’état-major des armées de 2017 à 2021, pose une double question : la question juridique préalable du devoir de réserve, question qui ne relève que du droit et de la discipline d’un part ; et une question politique de fond sur les arguments géopolitiques avancés, qui s’exposent à la critique, d’autre part.

Question juridique préalable : sur le devoir de réserve


La situation politique, géopolitique, socioculturelle, intellectuelle, judiciaire, économique, démographique, diplomatique, de la France n’a cessé de se dégrader depuis les années 80. Beaucoup de Français s’en inquiètent légitimement et de plus en plus fortement. Les aventures, erreurs, mésaventures et échecs géomilitaires récents (Liban, Rwanda, Serbie, Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Mali, Burkina Faso, Niger), le manque de sens politique des derniers présidents de la République, chefs des armées selon la Constitution, ont, de plus en plus souvent, amené celle qui fut qualifiée jadis de « grande muette » à s’exprimer, même si c’est le plus souvent via le cadre « 2s ».

Certes, les postures et décisions politico-militaires des derniers présidents français ont frisé l’arrogance, l’irresponsabilité, la collusion avec des puissances étrangères, l’incompétence, et les positions aventureuses dans le domaine militaire. Or l’acte militaire est un acte gravissime puisque dans l’immédiat c’est la vie et la mort des soldats, nos fils, qui est en cause. Et donc la question se pose bien de savoir à partir de quels niveaux de problèmes politiques, les militaires (qui ont bien d’autres moyens discrets et efficaces de faire valoir leur point de vue) peuvent légalement exprimer leurs analyses au public.

Il y a trois ans, le 21 avril 2021, une tribune signée par de nombreux officiers supérieurs du cadre 2S et publiée par Valeurs actuelles semblait avoir révolu cette tradition de silence. Mais un spécialiste du droit de la défense nationale, le Doyen Jean-Christophe Videlin...

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