Abstention record en France : errare humanum est, perseverare diabolicum
OPINION. C’est désormais devenu un lieu commun : à chaque élection, le record d’abstention est battu. Bien que dramatique, ce constat n’est pas une fatalité et nécessite que la classe politique regarde en face ses errements et ses trahisons pour retrouver une destinée à la France.
D’après le ministère de l’Intérieur, l’abstention aux régionales est passée en 15 ans de 22,7 % à 66,7 %, entre le premier tour de l’élection de 1986 et celui de l’élection de 2021, soit un triplement. Rien que ça ! Nombre d’études d’instituts de sondage et de commentaires ont paru depuis à ce sujet, chacun se risquant à un diagnostic et s’efforçant de donner des explications, souvent conjoncturelles, à un phénomène qui est pourtant bel et bien structurel.
Les explications le plus souvent avancées
De l’avis de nombreux commentateurs, les régionales sont traditionnellement des élections pour lesquelles les citoyens se déplacent peu ou moins — cela est vrai — et les élections de 2021 ont pâti d’une conjoncture particulièrement défavorable, les sondeurs, journalistes et autres consultants brandissant « l’effet Covid ». Certes, la crise sanitaire a pu jouer un rôle dans l’abstention, mais celui-ci est sans doute très mineur. On a pu tout aussi bien incriminer « l’effet calendrier », dans la mesure où le fait de devoir rester chez soi pour aller voter deux dimanches d’affilée, en plein mois de juin, pouvait être perçu comme étant trop contraignant, à juste titre, voire repoussant.
Interrogée par France Culture, la sociologue et politologue Dominique Schnapper a souligné le manque d’enjeu perçu par les citoyens. Cet argument est très pertinent, tant il est vrai que beaucoup de nos concitoyens méconnaissent les pouvoirs dévolus aux collectivités locales (intercommunalités, départements, régions). J’ajouterais que l'énième réforme des collectivités territoriales, à mettre au crédit de la prestigieuse et mémorable présidence de François Hollande, a eu pour effet de créer des « super » régions, augmentant davantage la confusion parmi l’électorat. Par cette réforme, ont été regroupées entre elles les 22 régions que nous connaissions, qui avaient leurs propres histoires et caractéristiques, au détriment de leur cohérence et surtout de leur identité. La création...