Confinement

Ce « nouveau monde » déjà périmé

OPINION. Diplômé en Histoire et en Science politique, Max-Erwann Gastineau est essayiste et chroniqueur politique. Spécialiste de l’Europe centrale, il est l’auteur d’un premier essai remarqué : Le Nouveau procès de l’Est, éditions du Cerf, 2019. Ce texte est un billet d’humeur.

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De retour du Leclerc, près de chez moi, en plein cœur du Morbihan, à la sortie d’un rond-point dévêtu de jaune (paraît que ce n’est plus à la mode…), coincé entre Port-Louis, Locmiquélic et Riantec, non loin du Lidl et de l’Intermarché, derniers maillons de la sainte-trinité locale des orphelins du petit commerce.

Impossible d'acheter un livre (les rayons sont bâchés), mais possibilité de retirer une commande de livre sur la borne Amazon placée, comme au Drive, à l’extérieur, à deux pas du parking. Dans le bourg d’à côté, la seule librairie a fermé (c’était un bar-librairie, sans doute un concept breton). Petits commerçants et artisans en berne (ils sont subventionnés par l'Etat pour ne pas mourir de la fermeture qu'il impose), mais en périphérie, une fois garés sur les anciennes terres agricoles aménagées pour lutter contre la vie chère : smart box, wonderbox (pour voyager dans un wonder world... ouvert, de nouveau ouvert depuis la défaite de Trump), stand Click&Collect, ouverture des rayons télé, électro-ménagers et imprimantes wifi…

Il n'y a pas d'arrêt de l'économie, Madame Dupont, mais une amplification des effets délétères de la start-up post-nation : des consommateurs au chômage relancent l'industrie asiatique grâce aux aides sociales financées par l'impôt de cadres en télétravail qui ont voté l'avènement de la post-nation...

Avec la crise sanitaire, « rien ne sera plus comme avant ! », comme dans l'ancien monde qui était le nouveau en 2017, vous disait-on ? C'est vrai, c'est pire !

A l’heure où ces quelques lignes sont écrites, Ouest France se remémore dans son édition du jour une des plus grandes symphonies bretonnes du « petit Mozart » de l’économie. C’était en 2015, à Lannion. Alors ministre de son domaine de prédilection, Emmanuel Macron vint annoncer aux salariés d’Alcatel-Lucent leur rachat par le Finlandais Nokia. « Je ne fonctionne pas à la nostalgie, commence...

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