Je me présente ici sans blouse blanche. Ce que je peux écrire sur l’enseignement de la lecture n’est pas issu de recherches universitaires ou de surplombantes pensées, mais d’une pratique artisanale, quotidienne, dans le cadre de mes anciennes fonctions d’instituteur et de directeur d’école. Des observations, des réflexions, des expériences personnelles… sans doute honnêtes. Forcément limitées. D’abord, peut-être datées, après 5 années déjà de retraite. Ensuite, circonscrites à ma personnalité d’enseignant, patiemment élaborée, et à ma zone géographique d’exercice. Quelques lectures aussi toutefois.

Dans un premier temps, je dessinerai ce que je crois être une bonne approche de l’enseignement de la lecture au stade premier (la classe de CP). J’imagine par avance que, pour les lecteurs chenus de Front Populaire, cette première partie constituera un rappel qui ne les perturbera pas.

Dans un second temps, je dirai ce qui me semble avoir pesé négativement, au sein même de l’école, sur la qualité de cet enseignement basique. Je n’évoquerai donc pas tous les aspects possiblement toxiques, annexes et/ou extérieurs à la classe : l’accès de plus en plus précoce et ample aux écrans, le primat de l’émotion par l’image, les troubles du comportement scolaire qui se sont multipliés en dispersant l’élève, la dégradation du statut social de l’école, la dilution de son objet central, l’enseignement… Nous parlerons didactique au sens le plus étroit.

L’écrit est un code qui, principalement, associe des signes tracés à des sons. Dès lors, si on admet que, dans quelque domaine que ce soit, les aptitudes supérieures ne peuvent s’exprimer que sur l’automatisation, la contraction des compétences instrumentales de base, il paraît évident qu’au premier stade de l’enseignement de la lecture, l’assimilation de ce code est un impératif quasi exclusif. Il s’agira donc, pour permettre cette assimilation, d’envisager un apprentissage régulier, systématique, progressif, n’écartant pas l’oralisation. Afin...