Comment enrayer le déclin de la ruralité
CONTRIBUTION / OPINION. La crise agricole a mis en lumière la déconnexion entre les campagnes et une grande partie de la population française, notamment depuis l’exode rural. Mais ce n’est pas une fatalité.
La crise agricole a occupé l’espace médiatique depuis quelques semaines. Les acteurs, en l’occurrence les agriculteurs, nous ont interpelés sur leur revenu et les charges administratives ainsi que sur les contingences liées aux limitations d’utilisation de produits phytosanitaires.
Sans nier l’importance des problèmes qu’ils subissent, peu de responsables syndicaux agricoles et de journalistes ont tenté d’élargir la problématique à l’échelle collective et territoriale. Pourtant que de zones rurales sont désertifiées ou en cours de désertification ; dans tous les cas les derniers actifs pouvant structurer et animer ces territoires sont les « paysans ». Ce constat touche indistinctement les villages beaucerons, meusiens, ariégeois, cantaliens ou creusois, etc. Les géographes argumentent fort bien qu’en dessous de dix habitants au km², ces territoires ruraux ont peu de chances de se projeter dans l’avenir.
Après cinq mandats consécutifs de maire d’une commune de 250 habitants en zone de moyenne montagne j’ai pu observer ces évolutions, les causes et les effets du déclin de la ruralité. Les indicateurs sont multiples principalement d’ordre démographique et économique ayant aussi des conséquences d’ordre sociologique et social.
En vrac, je peux citer :
— une pyramide des âges vieillissante due à une succession de solde naturel négatif (nombre de décès supérieur au nombre de naissances) ;
— suppression des services publics de proximité, éloignement des moyens de transports collectifs et des lieux de formation supérieure, auquel s’ajoute les phénomènes du non-retour au pays des étudiants ;
— pour les jeunes ruraux, les effets positifs d’émulation sont d’autant plus faibles que la densité de population s’affaiblit et que la mixité sociale traditionnelle disparaît (les notables locaux sont partis au chef-lieu de canton ou dans les villes moyennes à proximité), les petits commerçants ou les artisans ont disparu. Il est même devenu aussi difficile de trouver un maçon, un couvreur qu’un médecin ou...