J’avais tenté d’identifier récemment les raisons pouvant expliquer le déclin de la ruralité en s’appuyant sur des données globales d’ordre démographique, économique et structurel. Ce déclin a également modifié profondément le mode de vie des jeunes vivant à la campagne. La conséquence commune est sans nul doute due à leur éloignement et à la modification profonde de leur rapport avec la nature, pourtant si proche d’eux.

Les parties de pêche permettaient d’explorer le moindre petit ruisseau et de découvrir le petit monde animal et végétal vivant en symbiose à proximité. Ce loisir souvent partagé avec le grand-père ou un copain fidèle créait des liens sublimes.

La recherche de champignons avec un adulte averti conduisait l’enfant sur les meilleurs endroits tenus secrets par les anciens de la fratrie. C’était une opportunité pour « prendre possession » de la forêt et des bois de la commune ; prélude éventuel pour devenir chasseur une fois l’âge requis. Une occasion aussi pour entendre et voir la cognée utilisée pour abattre la corde de bois qui brûlera dans un ou deux ans dans le « cantou ». Les promenades champêtres ou sylvestres sont aussi l’occasion pour repérer les gibiers à plumes ou à poils en compagnie du chien de la maison dont on gardera un si grand attachement et de bons souvenirs.

Vous me direz que tout cela serait une affaire de petits garçons, sauf que les petites ou grandes sœurs étaient associées de leur côté pour préparer avec leur mère des fritures de poissons, l’omelette aux champignons et mille mets dont la recette était transmise au gré des générations. L’entretien du potager, l’élevage de lapins et de volailles furent autant d’occasions pour découvrir et vivre avec le monde végétal et animal. Aussi sommes-nous, désespérément habitués à ne plus voir aucun poulailler, clapier, ou soue à cochons dans nos...