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Condamnation de Nicolas Sarkozy : vers une justice de cachet ?

CONTRIBUTION / OPINION. Preuves jugées légères, exécution provisoire peu justifiée, impartialité des juges sujette à caution… La condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs soulève de nombreuses interrogations, selon notre lecteur.

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Crédits illustration : ©Matthieu Mirville/ZUMA/SIPA


S’il est un épouvantail historique qui tient aujourd’hui encore solidement debout, c’est bien la lettre de cachet, cet ordre du roi qui vous expédiait incontinent à la Bastille ou dans quelque maison de force. « L’essence et la vie même de ce gouvernement [ndr : le despotisme de l’Ancien Régime] était la lettre de cachet », écrit Michelet dans son Histoire de France. « Elle ne peut finir qu’avec lui […]. Le sceau, la clé de voûte du grand sépulcre monarchique, c’est le roi. Roi, Bastille sont deux mots synonymes. On le vit en 1789 ; nul grand coup ne l’émeut ; mais on prend la Bastille ? […] Il tressaille […] C’était lui-même. » Et Michelet d’ajouter : « Qu’il soit bien entendu que ce mot seul de Bastille comprend mille prisons, bagnes, galères, vaisseaux et colonies. Joignez-y les couvents où l’on enferme par lettre de cachet. » Symbole de l’arbitraire royal depuis des siècles, la lettre de cachet n’avait donc nullement besoin de justification, ni de preuve.

« Méfiez-vous des juges, ils ont tué la monarchie. Ils tueront la République. » Cette phrase a été prononcée par François Mitterrand en 1995, peu de temps avant sa mort. Lui qui a bercé idéologiquement des générations de juges ne croyait peut-être pas si bien dire. De récentes décisions de justice (judiciaires, constitutionnelles et administratives) démontrent qu’une sorte de république des juges est en cours de formation. Ce n’est pas bon pour la démocratie.

Le jugement qui vient d’être prononcé à l’encontre de l’ancien président Sarkozy l’illustre. Il interpelle et inquiète même à bien des égards.

D’abord on n’a jamais entendu une présidente (du plus gros tribunal correctionnel de France), confesser que le document qui a déclenché l’essentiel de ce contentieux était « un faux ». Les médias bien pensants essayent de modérer en rajoutant « probablement » (l’adverbe n’a dans un premier temps...

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