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Nicolas Sarkozy : de la Rolex à la prison

CONTRIBUTION / OPINION. Condamné en première instance dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, l’ancien président de la République est écroué aujourd’hui. « L’hyperprésident » est tombé.

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Crédits illustration : ©Cyril Pecquenard/SIPA


Nicolas Sarkozy vient d’être condamné dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. L’ancien président de la République écope de plusieurs années de prison, dont une partie ferme, une première dans l’histoire de la Ve République. Celui qui se voyait « hyperprésident » entend désormais se refermer les portes du pénitencier, comme le chantait Johnny Hallyday.

En 2009, Jacques Séguéla, le publicitaire des puissants, lâchait sa phrase devenue proverbiale : « Si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a raté sa vie. » Sarkozy en avait fait un mode de gouvernance : le clinquant, la vitesse, le coup médiatique permanent. Le président bling-bling transformait la République en tapis rouge.

Gilles Lipovetsky avait déjà diagnostiqué dans L’Ère du vide (1983) l’avènement d’un hyperindividualisme où l’idéal collectif s’efface derrière la quête narcissique de reconnaissance. Sarkozy a incarné cette mutation : un chef d’État qui se vend comme une star. Jogging devant les caméras, yacht de Bolloré, mariage avec Carla Bruni : la politique devenait un feuilleton.

Sarkozy occupait tout l’espace. On disait de lui qu’il appelait les journalistes jusque tard dans la nuit. Tout commenter, tout contrôler, tout incarner : son pouvoir était celui d’un « hyperprésident », mais aussi d’un acteur principal qui ramène tout à sa personne. En cela, il a préparé la voie à Macron l’omniprésident, à Trump l’hyperprésident américain, à Milei qui brandit une tronçonneuse comme un accessoire de scène.

Sarkozy maniait aussi le langage incendiaire. En 2005, alors ministre de l’Intérieur, il promettait de « nettoyer la racaille au Kärcher ». Une stratégie de pyromane pompier : allumer le feu par la provocation, puis se poser en sauveur. Erdogan en Turquie use de la même logique : invectiver pour mieux régner.

La justice française l’a finalement rattrapé. Condamnation pour association de malfaiteurs dans l’affaire libyenne, condamnations dans Bygmalion et les écoutes : la chute était inscrite dans sa...

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