Contre l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution
CONTRIBUTION / ANALYSE. « En 2024, la liberté des femmes de recourir à l’IVG sera irréversible », a promis Emmanuel Macron ce dimanche 29 octobre. Et pour cause : il a l'intention de la graver dans le marbre de la Constitution. Le philosophe Denis Collin explique pourquoi une telle décision est non seulement démagogique et inutile, mais aussi intellectuellement problématique.
Ce texte a originellement été publié sur la-sociale.online, le blog de Denis Collin. Nous le reproduisons ici avec l'aimable autorisation de son auteur.
Ainsi donc, le président de la République propose-t-il d’inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution. Il reprend à son compte une proposition de LFI et espère s’assurer un bon morceau d’union sacrée contre le RN. Gageons que le prochain numéro d’union sacrée se fera avec le RN contre LFI et ainsi, de manœuvre en manœuvre, Macron compte achever son quinquennat et mettre en lisse son successeur qui lui repasserait la main 5 ans plus tard, selon le procédé imaginé et mis en œuvre par Poutine avec Medvedev.
Outre la manœuvre de diversion grossière, menée par l’homme qui veut engager la France dans tous les conflits tout en mettant le pays à genoux économiquement, il y a des raisons de fond pour s’opposer à l’inscription de l’IVG dans la Constitution.
La première raison, la plus importante, est que la Constitution n’a pas d’autre but que de définir l’organisation et l’exercice des pouvoirs publics. La Constitution dit qui vote la loi, mais ne dit rien des lois elles-mêmes. Elle définit quelles sont les libertés politiques et comment elles doivent être protégées, mais elle ne dit même rien sur les conditions qui définissent le citoyen. La nationalité française, condition de la citoyenneté, n’est pas définie dans la Constitution, mais dans le Code civil. En constitutionnalisant des « droits » qui n’ont rien à faire dans la Constitution, on pense garantir mieux les droits. C’est du formalisme juridique parfaitement stupide. Les droits des individus sont garantis par l’adhésion des citoyens aux principes républicains, par la moralité commune de la nation et non par des artifices juridiques qui ne sont jamais que des règles du jeu. Avec la proposition Macron/LFI, on est un...