Emmanuel Macron restera-t-il comme le fossoyeur de la Ve République ?
ARTICLE. Jamais depuis le 4 octobre 1958, l’instabilité politique n’a semblé avoir été aussi forte sous la Ve République. En dissolvant l’Assemble en juin 2024, Emmanuel Macron a-t-il planté le dernier clou dans notre Constitution, déjà passablement amochée par ses prédecesseurs ?
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C’est une curieuse proposition qu’a avancée Gabriel Attal ce lundi 8 septembre. Depuis l’issue du vote de confiance provoqué par François Bayrou ce jour-là et largement défavorable au gouvernement (364 voix contre, 194 pour et 15 abstentions), le chef des files des troupes de Renaissance mène une étrange campagne. Il souhaite qu’Emmanuel Macron nomme « un négociateur chargé de réunir, 7 jours sur 7, 24 h sur 24 h, les chefs de parti représentés à l’Assemblée nationale pour bâtir un compromis » comme il l’a expliqué sur TF1 ce mardi matin. C’est ce compromis qui permettrait ensuite la nomination d’un nouveau Premier ministre. Une nouvelle fois, le centrisme politique se livre à une proposition qui va à l’encontre — ou tout du moins contourne — la philosophie de notre Constitution, le Président ayant la charge de la nomination du Premier ministre et le Parlement, celle de le censurer ou non.
Difficile à ce stade de savoir — question européenne mise à part — quel sera le legs du centrisme macronien dans l’histoire. Mais à défaut d’avoir marqué son époque par ses choix, l'actuel chef de l'État aura bien été l’artisan de la plus grande période d’instabilité politique rencontrée depuis l’institution de la Ve République par le général de Gaulle, le 4 octobre 1958. De là à en faire le seul et principal responsable de la fin de la "Cinquième" ? Emmanuel Macron peut avoir bien des torts pour ses opposants, mais il serait injuste de lui attribuer l’intégralité des griefs en la matière.
La blessure de 2005
C’est en 1993, sous le mandat de François Mitterrand, que le premier coup de marteau institutionnel a été donné, avec l’adoption du traité de Maaschricht par 51,04 % des Français interrogés. L’Union européenne remplaçait la Communauté économique européenne (CEE) et n’allait cesser de grignoter...