Corse : une histoire française
Un texte engagé sur les rapports historiques entre l’ile de beauté et la France. Un point de vue qui devrait nourrir et ouvrir le débat dans nos colonnes.
« Rien de nouveau sous le soleil »(1)
Lors de chacun des déplacements présidentiels en Corse, le drapeau à tête de maure brille par son absence. « La République est une et indivisible » et la Constitution ne saurait souffrir des particularités régionales selon Macron. Pour autant, les déplacements jupitériens en Nouvelle-Calédonie permettent d’admirer le drapeau kanak sur les tribunes officielles : voilà un mépris affiché à l’exécutif corse, émanation de la volonté populaire. En effet, la précédente élection territoriale de 2017 avait vu l’union indépendantiste Pé a Corsica, formée du regroupement de Corsica Libera (Jean-Guy Talamoni), Femu a Corsica (Gilles Simeoni) et du PNC (Jean-Christophe Angelini), obtenir la majorité absolue à l’assemblée. Aux dernières législatives, Pé a Corsicaavait obtenu trois des quatre circonscriptions corses et les municipales 2020 ont vu l’enracinement des formations nationalistes s’intensifier (victoire du maire sortant à Bastia et basculement du fief de la droite à Porti-Vechju dans le giron nationaliste). Les partis issus de métropole y sont en voie de disparition. Alors au lieu de mépriser cette évolution, tâchons de la comprendre et de l’expliquer.
Les premiers gilets jaunes(2)
En 1729, une île méditerranéenne, la Corse, est sous la domination de la République de Gênes. Cette inféodation touchait alors bientôt à sa fin et le peuple corse ne rêvait que d’une chose : d’une liberté retrouvée. « Le geste de défi d’un pauvre vieillard du Boziu incapable de payer une baiocca supplémentaire réclamée par un percepteur génois » déclencha une vague de protestation dans toute l’île contre la puissance génoise. Le conflit allait alors opposer « une île éprise de liberté à une république marchande déclinante ». Gênes ne comprenait pas que le XVIIIe siècle était celui de la naissance de la liberté et des idéaux démocratiques : « Les partisans génois défendaient une vision du pouvoir selon laquelle il n’était pas permis...