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Crise politique : de l’Espagne de 1936 à la France de 2024 ?

CONTRIBUTION / OPINION. La France est-elle au bord de la guerre civile ? La décision prise par Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale a révélé au grand jour les profondes divisions qui parcourent la société française, et qui pourraient bientôt atteindre un point de non-retour.

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Le 17 juillet 1936 est généralement présenté comme le jour du déclenchement de la guerre civile espagnole. À tort ; car c’est occulter le contexte politique et social dans lequel se trouvait l’Espagne de la seconde République. Les troubles et les mouvements insurrectionnels engendrés par la chute de la monarchie en 1931, comme la révolte des Asturies en 1934, ont essaimé la courte histoire de la période républicaine. On dit souvent que le coup d’État initié par José Sanjurjo et Emilio Mola était une réaction à la victoire du Front Populaire en février 1936, motivée uniquement par une haine viscérale du socialisme et de la démocratie. Mais c’est oublier que la violence était déjà omniprésente dans la vie politique espagnole ; le pays entier était devenu le théâtre d’affrontements violents, parfois mortels, entre différentes factions, carlistes, phalangistes, anarchistes ou communistes. Aux assassinats d’ouvriers et de militants syndicaux répondaient les meurtres de policiers ou de religieux ; à la terreur blanche répondait la terreur rouge ; chaque parti ou syndicat constituait ses propres milices prêtes à en découdre, et largement utilisées contre leurs différents adversaires politiques. Et c’est finalement l’assassinat du député monarchiste Calvo Sotelo, le 13 juillet 1936, qui donna aux généraux rebelles le prétexte pour agir.

Il y avait donc déjà deux Espagnes au commencement du conflit, deux pays qui ne se comprenaient plus, ne se parlaient plus, et ne voyaient en ceux d’en face non plus des concitoyens et des compatriotes, mais des ennemis mortels à éradiquer. La guerre civile ne fut que l’aboutissement tristement logique de la désintégration du corps national espagnol. La brutalité et la cruauté dont firent preuve les deux camps durant les trois meurtrières années qui suivirent furent la preuve de cette haine aveugle dont les traces subsistent encore de nos jours.

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