idéesopinions

De la violence policière à la violence ordinaire

OPINION. Miroir d’une époque, de ses dérives et de ses maux, les violences policières se suivent et ne se ressemblent pas. Si, au mois de mai 1968, elles ont montré les failles d’un régime à bout de souffle, elles trahissent aujourd’hui, selon notre lecteur, la corruption de l’appareil d’État et la mise à mort de l'État de droit.

/2023/01/violences-policieres-gilets-jaunes-police


Succédant au collaborationniste Maurice Papon, Maurice Grimaud était préfet de police de Paris lors des célèbres « événements ». Témoin de la journée funeste qui, le 6 février 1934, tua dix-neuf personnes, ce haut commis de l’État ne voulait pas verser le sang. Mesuré, conciliant, payant de sa personne, il contint la violence des forces de l’ordre, appelant les uns à leurs devoirs, rappelant que « frapper un étudiant (…) à terre (…) atteint toute la fonction policière ». Il pouvait user de la violence légale, mais, soutenu par le Premier ministre, il évitera le bain de sang qui eût fait de la France une dictature. Comme le général René Schneider au Chili, deux ans plus tard, trahi et assassiné pour avoir refusé de trahir, il considérait que le rôle de toute force publique est de veiller au bon fonctionnement des institutions et de maintenir l’ordre, non de réprimer les manifestants et le droit de manifester. Humaniste, lecteur de Proust et de Giraudoux, Maurice Grimaud s’inscrit dans l’ordre aujourd’hui méprisé de la grandeur. Dénonçant la violence quand elle devient abus de pouvoir, il défendit la vision essentielle d’une police au service du citoyen et de la République. N’en déplaise au postmodernisme, la France de ce temps-là comptait dans ses rangs des hommes de valeur qui, par leur élévation et leur intégrité, donnaient sens et valeur aux grands corps de l’État.

Mais il est loin le temps où la chose publique était administrée par des êtres d’envergure. Quand, le 16 novembre 2019, le préfet de police Didier Lallement lance un « Nous ne sommes pas dans le même camp, madame », il se pose en adversaire, sinon en ennemi, et rompt la neutralité républicaine. Son profil, il est vrai, est typiquement macronien : il est zélé, médiocre et sans relief, il est fait du bois sans...

Vous aimerez aussi