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Dépasser la diabolisation : vers la non-dualité

OPINION. En cette époque d’intenses révélations et de transformations, la propension à voir des complots et à diaboliser ceci et cela s’accroît. Cette posture déresponsabilise et n’aide pas à relever les défis à l’ordre du jour ainsi qu’à enraciner de nouveaux paradigmes.

/2022/11/non-dualite-diabolisation


Commençons par la diabolisation de la déconstruction, décriée comme la grande responsable de la perte des repères, d’une « dissolution » et d’une « fusion/confusion » ambiantes. Mais quid de sa genèse, à savoir des besoins qu’elle a cherché à nourrir ? Besoin de sortir des identités figées et rôles distribués à vie : homme/femme, couleur de peau, classe sociale, etc. Le besoin « d’abolir les frontières » procède d’une aspiration profonde de l’être humain à la communion, à la totalité, à l’infini. Les expériences de bonheur procèdent souvent d’une dissolution des obstacles et des cloisonnements. Les psychologues et les poètes célèbrent la liberté du moi et sa mobilité à 360 degrés.

La déconstruction rejoint en fait la désidentification prônée par de grands courants spirituels : elle rejoint le « ni ceci ni cela » du Vedanta, le « nulle part » du bouddhisme tantrique, la « conscience sans objet » de la pleine conscience… La désidentification permet de sortir du petit moi identifié et limité. La « théorie du genre » ou abolition des distinctions de genre en est un aspect. Là encore, l’androgynat, la synthèse du masculin et du féminin, est un idéal et une complétude, qui sont au cœur du taoïsme comme du shivaïsme ou du bouddhisme tantrique. Cet élan s’est manifesté notamment à la fin des années 1960, avec des artistes comme David Bowie, assumant leur part de féminin et contribuant ainsi à réinventer le genre.

Certes, « on détruit ce qu’on remplace », et ce qui fait défaut aujourd’hui, c’est que l’on a beaucoup détruit, mais pas tant remplacé. Nous sommes dans la phase « table rase », phase pas facile, inconfortable et chaotique. Alors, oui, certains en profitent. Le 1 % s’enrichit et se nourrit de la perte des repères et de l’abrutissement des 99 % restant. Mais aussi parce que ces derniers le veulent bien (cf. Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La...

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