À en croire Nietzsche, le luxe est une forme de triomphe permanent sur les pauvres, ce qui en explique assurément l’attrait. Aujourd’hui, les jeunes élites tendent à délaisser les objets de luxe traditionnels — pensez au style vestimentaire de Mark Zuckerberg — au profit d’un nouveau marqueur : les idées de luxe, un concept introduit par Rob Henderson.

Né à Los Angeles d’une mère toxicomane et d’un père qu’il n’a jamais connu, Rob Henderson a passé son enfance dans des foyers d’accueil en Californie. Il a travaillé comme aide-serveur, plongeur et emballeur dans un supermarché, avant d’intégrer l’Armée de l’Air à 17 ans. Après son service, il a pu, grâce au G.I. Bill [loi adoptée en 1944 qui prévoit notamment la prise en charge des droits de scolarité des anciens combattants], entamer des études universitaires et obtenir d’abord une licence à Yale, puis un doctorat en psychologie de l’Université Cambridge.

Dans les entrevues qu’il accorde, Rob Henderson évoque toujours une conversation marquante avec une camarade de classe à Yale qui lui aurait déclaré : "Je trouve que la monogamie est dépassée, néfaste pour la société, le mariage est une institution patriarcale et oppressive dont il faudrait se débarrasser…" Cette jeune fille, qui avait grandi dans une famille stable, avec des parents mariés, prévoyait à son tour de se marier et d’avoir des enfants. Pourtant, elle prônait publiquement la suppression d’une institution dont elle avait tiré profit et dont elle comptait faire profiter ses enfants.

Autre exemple amusant d’idée de luxe relevé par Henderson : les étudiants à Harvard qui dénoncent publiquement les banques d’investissement comme symbole de l’oppression capitaliste sont les mêmes qui accourent aux séances de recrutement de Goldman Sachs, première banque d’investissement au monde.

Rob Henderson s’interroge alors longuement sur ce qui pousse les étudiants des universités Ivy League – huit universités...