Différences et égalité homme/femme : quel terrain d’entente ?
OPINION. D’un féminisme combattant les inégalités entre les hommes et les femmes, nous sommes passés à un militantisme niant la réalité des différences entre les deux sexes. Comment se réconcilier avec l’altérité ?
La question de la différence sexuelle traverse, de nos jours, de nombreuses réflexions et même nombre de confusions fâcheuses. Penser cette différence comme une confrontation, une opposition, en la réduisant au couple dominant/dominé, serait en faire un nœud d’antagonismes paralysants. L’« autre » de l’homme étant la femme, et réciproquement, cela doit au contraire ouvrir des perspectives infinies au jeu relationnel, seule clé d’une vie pleine, mais jamais complètement aboutie.
Cependant, la distinction homme/femme ne saurait tenir lieu d’impératif indépassable de la relation instaurée entre les sexes. Ce serait ainsi figer chacune et chacun dans une catégorie cadenassée depuis l’origine des temps, ne lui permettant aucune « sortie de soi », de son assignation sexuelle, aucun don vers autrui, aucune liberté d’être humain. Naturellement, cela n’implique pas une mutation de genre, plus « trans », qui ne tiendrait plus compte du donné. Ni équivalence, ni hiérarchie, la relation homme/femme doit garder sa pertinence, dans le sens d’une séparation dialogique, existant l’un par rapport à l’autre, l’un avec l’autre, l’autre dans l’un, mais aussi soumis au regard du tiers se dégageant de ce dualisme.
Si, oh combien, l’emprise masculine dans l’histoire de la civilisation ne fait aucun doute, ce ne fut pas en écrasant la femme qui aurait subi la domination de l’homme. La prise de son pouvoir dans toutes les catégories du savoir, de la politique, de l’art, de la richesse, n’est pas la conséquence d’une supériorité de l’homme sur la femme, car bien d’autres hommes ont pu pâtir de conditions de vie imposées par les puissants. Les femmes ont quelquefois accentué le mouvement, l’encourageant, mais aussi le contrariant ou bien l’influençant.
Sans vouloir affliger la femme d’une résolution identitaire, nous pouvons, au vu de nos expériences et de notre savoir, lui proférer d’autres qualités et capacités que celles de l’homme et non pas vouloir calquer...