Diplomates en grève : mais pourquoi donc ?
OPINION. La grève des diplomates lancée la semaine dernière a alerté l’opinion publique sur le rayonnement géopolitique de la France. Mais entre le pantouflage et le manque de méritocratie, la profession doit faire son autocritique pour que l’on puisse à nouveau s’enorgueillir de notre diplomatie.
En consultant le site des Affaires étrangères, ou bien même celui de la Cour des comptes, il est impossible de connaître le coût exact ou le traitement d’un ambassadeur. On sait juste que l’objectif initial était d’avoir des rémunérations suffisamment hautes pour éviter à nos ambassadeurs de se faire acheter. D’expérience propre, il y a quelques exemples à citer : l’ambassadeur en Afghanistan a longtemps été le fonctionnaire le mieux payé de France avec 36 000 € par mois. Au cours de ma carrière, j’ai rencontré plusieurs ambassadeurs — entre 50 et 60 ans — dont les salaires variaient entre 15 et 18 000 € nets, dans des pays qu’on ne peut qualifier de dangereux. L’un, fort sympathique, eut même l’outrecuidance de m’annoncer qu’il allait être bientôt résident suisse. Pour les ambassadeurs, le salaire est de l’argent de poche — dixit l’un d’eux — car la résidence, les déplacements et les frais de bouche sont payés par le Poste. L’imposition n’est faite que sur la tranche la plus basse, correspondant à leur salaire français hors prime — qui est l’essentiel de leur revenu. Les ambassadeurs sont bien des nantis. Certes, ils vivent de plus en plus chichement — un aller-retour pour la France,...