Discrimination positive : le triomphe d’un progressisme réactionnaire (Partie 2)
OPINION. Aujourd’hui défendue au nom du progrès, la discrimination positive est en réalité la violation philosophique des droits de l’Homme. Un phénomène qui a infiltré les esprits à l’université, comme en témoigne notre lecteur.
Chercheur au CNRS, je travaille à l'Université Côte d'Azur à Nice et y ai occupé pendant des années des fonctions dans l'administration de la recherche. Observant la pénétration rampante de mon milieu professionnel par les quotas, j'ai pris vers 2016 l'habitude de rendre explicite mon opposition à toute discrimination positive, à chaque fois que la question se posait dans l'exercice quotidien de mes fonctions. Afin d'expliquer la démarche, j'ai mis un texte en ligne que j'envoie à mes interlocuteurs puisqu'en règle générale la situation ne souffre pas d'explications de plus de 30 secondes. Je conte ici comment ces échanges se passent.
Réaction #1 : ce n'est jamais ni le moment ni le lieu pour parler de cela. Imaginez une assemblée de 40 directeurs de laboratoire réunis par le CNRS pour parler d'administration. Il est question des dernières mesures imaginées par l'administration pour promouvoir les femmes, et des quotas sont dans le lot. Je fais mon couplet, silence. Puis on me dit qu'on est là pour appliquer les mesures décidées et non pour les discuter. Après la séance, en privé, d'autres directeurs viennent me dire que le seul effet de ce que je fais est de détruire ma carrière.
Réaction #2 : on récuse les mots, et en leur vertu, les faits. Le but est de ne jamais devoir échanger des arguments sur la chose, qui donc n'existe pas puisque le mot n'existe pas. Faites leur manger le mot, vous leur ferez avaler la chose (sentence attribuée à Lénine) : genre, prédateur, féminicide, privilège, toxicité, stéréotypes, égalité réelle, etc. A l'inverse, faites disparaître le mot et la chose sera annulée : gender theory, islamo-gauchisme, discrimination positive. On a vu toute l'intelligentsia s'offusquer que l'on puisse seulement parler d'islamo-gauchisme à l'Université, terme qui n'est pas scientifique ni défini, personne ne sait ce que ça veut dire,...