Dissolution de théâtre
CONTRIBUTION / OPINION. En dissolvant l’Assemblée nationale, le chef de l’État prétend jouer le jeu démocratique en appelant les Français aux urnes. Mais cela fait bien longtemps que le vrai pouvoir ne se situe plus à Paris, mais à Bruxelles. Et Emmanuel Macron le sait très bien.
La France n’est pas ingouvernable, comme on le dit parfois, par la faute des Français qui n’accepteraient jamais aucune réforme, elle est ingouvernée, car les princes supposés la gouverner ont renoncé à le faire.
Sa politique monétaire est décidée à Francfort. Ses lois économiques et sociales sont dictées par de tout-puissants lobbies, omniprésents dans les instances de l’UE. Ses actions militaires dépendent du bon vouloir états-unien. Le bouclage mensuel de son budget est soumis aux prêts et caprices des marchés (et aux notes des agences de notation).
Ces quatre politiques régaliennes (monnaie, loi, budget, défense) sont indispensables à l’exercice de la souveraineté d’un pays leur échappant complètement. Nos gouvernants ne peuvent que faire semblant de gouverner. Avec notre complicité, ils nous jouent une pièce de théâtre dont l’intrigue, sinon les répliques sont écrites ailleurs, par d’autres.
Dans ce cadre, les élections sont des rituels destinés à nous attirer les faveurs de la bonne fée Démocratie. Leur seul effet est le changement des acteurs sur la scène. Elles ne changent rien aux politiques suivies.
C’est encore plus vrai dans le cas des élections européennes, ledit « parlement européen » n’étant pas un véritable parlement.
La dissolution décidée dimanche par Emmanuel Macron est de cette eau. Elle est une péripétie théâtrale. Elle est une dissolution de théâtre. Il a bien dit son annonce, bien joué son rôle. Aucun parti ne remet en question notre renoncement collectif à l’exercice des politiques régaliennes, donc rien n’aura changé le 8 juillet prochain.
Après quatre semaines d’un formidable remue-ménage, la situation politique française sera, à quelques détails près, à quelques têtes et à quelques étiquettes près au sein du gouvernement, toujours la même, la même que dimanche dernier 9 juin avant le numéro de l’acteur principal de la pièce. Dois-je, moi aussi, faire semblant ou, tout au contraire,...