idéesopinions

Du paradoxe judiciaire

CONTRIBUTION/OPINION. Forte avec les faibles, faible avec les forts. Voilà comment résumer l’état actuel de la Justice française, que la seule qualification de « laxisme » ne suffirait à décrire.

/2023/03/justice-paradoxe


La justice pénale fonctionne, en France, de façon paradoxale. Elle est laxiste lorsqu’il s’agit de mineurs délinquants multirécidivistes et sévère à l’encontre d’un élu au casier vierge ; elle est clémente lorsque des policiers se font agresser, voire plus indulgente à l’endroit du voyou agresseur qu’envers le policier qui aura riposté en légitime défense. Bien davantage, elle est impitoyable lorsqu’un professionnel du droit commet la moindre faute non intentionnelle, car le concernant la présomption d’innocence n’existera pas (« en tant que juriste, il ne pouvait pas ne pas savoir ») ; elle est laxiste lorsqu’il s’agira, en revanche, de poursuivre pénalement un collègue magistrat, même si ce haut fonctionnaire se sera rendu coupable d’une faute grave et donc intentionnelle. Par conséquent, une justice pénale sévère lorsque parfois les délits présumés ne portent nullement atteinte à l’ordre public ; en revanche, empreinte d’empathie à l’endroit d’incivilités qui empoisonnent pourtant le quotidien des honnêtes citoyens. Elle est en fait trop imprégnée d’idéologie, par conséquent ne peut faire montre d’une réelle objectivité ni impartialité.


Une justice qui objective sa subjectivité : la dynamique de l’idéologie


Notre justice est incapable de se soumettre au principe wébérien de « neutralité axiologique », c’est-à-dire de faire abstraction de ses valeurs, de ses pensées, dans l’acte de juger. On retrouve en effet toujours la même dimension idéologique dans l’acte de juger, car, sur un plan symbolique, le délinquant demeure une victime même si son casier judiciaire est chargé alors que le « Bourgeois Gentilhomme » est nécessairement coupable, coupable d’infraction, car il a nécessairement « dû voler le pauvre pour en arriver là » ; coupable d’être, en définitive, trop bien né. Si le délinquant « non bourgeois » peut être responsable, mais non coupable, le « non-délinquant bourgeois » est nécessairement coupable, car nécessairement responsable de ses actes, il ne sera donc pas, lui, accessible au pardon.

C’est cette...

Vous aimerez aussi