Pandémie

« En même temps » : ou l’anéantissement du choix

OPINION. L’importance de cette locution, si chère à Emmanuel Macron, est pour notre abonné le signe d’une société qui ne sait plus choisir. Pourtant, rappelle-t-il, c’est justement par le choix que nous devenons libres.

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La pandémie qui touche notre pays n’est pas seulement celle de la Covid-19. Elle est aussi celle d’un breuvage mortel, effrayant : le fameux et désormais quotidien « en même temps ». Cette ciguë efface de l’esprit humain la notion philosophique de choix. Elle l’écarte, l'anéantit.

Pourquoi choisir entre le bien ou le mal, le beau ou le laid, croire ou ne pas croire, puisque l’on nous abreuve à longueur d’antenne que « en même temps », on peut les deux ? Choisir (la décision) est un processus lent, douloureux, déchirant : il conduit à prendre un parti, une route face à une bifurcation. Il nous contraint à aller vers la droite ou vers la gauche, aimer telle femme plutôt que telle autre, choisir telle ou telle paire de chaussette ou de collant le matin devant sa commode.

L’aliénation mentale du « en même temps » induit que l’on puisse aller à droite et à gauche, enfiler une socquette rouge et une noire, un bas résille et une « dimette ». C’est le temps de la non-décision, du non-choix, bref de l’anéantissement, de la négation de la liberté. Car être libre, faut-il le rappeler, est étymologiquement la capacité de choisir.

Cet état de l’âme est difficile, complexe. Il coûte à chacun une part de lui-même. Ce poids devient désormais trop lourd, ou c’est du moins ce que l’on veut nous faire croire dans cette nouvelle lubie, ce fantasme inédit dans l’histoire de l’humanité.

Refuser le « en même temps », c’est accepter le prix à payer pour être libre. Dans ces non-choix, ce « en même temps » collectif que l’on nous impose sur la Covid, on voit clairement apparaître les failles béantes de cet univers. « Entre le déshonneur et la mort, je choisis la mort », disait le héros. « Entre la maladie dégradante, sa déchéance, son atteinte à l’intégrité d’Homme, je choisis la mort...

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