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Grand remplacement contre créolisation : deux mythes politiques contemporains (partie 1)

CONTRIBUTION / OPINION. Selon notre lecteur, la « créolisation » chère à l'extrême gauche et le « Grand Remplacement » constituent deux grands récits ou mythes qui reflètent, en miroir l'un de l'autre, les aspirations et les touments de notre époque. Première partie d'une analyse qui en compte deux.

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Deux mythes politiques s'affrontent dans notre présent : le Grand Remplacement et la Créolisation. Ils s'ancrent respectivement dans deux réalités sociales que David Goodhart (1) a pu décrire comme celle des somewhere s’opposant à celle des anywhere, confrontation également observée en France sous les catégories de «France périphérique» versus métropoles, selon l’approche du géographe Christophe Guilluy.


L'utopie « créole »


La créolisation est l'idéologie pour ainsi dire naturelle des « nulle part» (anywhere), qui, via le pouvoir académique et médiatique, théorisent leur domination en progrès, tendance naturelle et inexorable vers l'idéal et l’avenir, parallèles se rejoignant à l'infini.

Les classes sociales dominantes portent ainsi en elles cet idéal bougiste (3)   – carrières internationales, voyages au long cours, Paris, Londres, New-York, Tokyo, Sidney, comme on peut lire sur les cartes de visite des sociétés prestigieuses -   qui s’avère tout simplement être l'essence du capitalisme en acte. Depuis toujours, la circulation des capitaux, des marchandises et des personnes a en effet été érigée en moteur de puissance, transformant la planète en dynamo créatrice de richesse, concentrée entre quelques mains et liquidant la nature (considérée comme stock – (Bestand chez Heidegger) comme les institutions humaines (nation, famille...) pour les transformer en capital.

Le mouvement soi-disant inexorable du progrès, par son agitation permanente, voudrait – dans la dimension eschatologique du mythe – procéder comme une centrifugeuse à génomes, dont le brassage aboutirait à la parousie du nouvel Übermensch : le Métis. Il s'agit dorénavant de se purifier par le mélange. On aura reconnu l'exact opposé du mythe nazi de la « pureté aryenne ». Après s'être vu intimer de ne pas se mélanger aux autres races sous peine d'abâtardissement et de décadence dans l'idéologie raciste, l'homme blanc se voit aujourd'hui soumis au diktat inverse, pour le même résultat :...

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